Les rapaces du capitalisme
Cette histoire mérite d’être connue par le plus grand nombre tant elle illustre bien les dérives du capitalisme actionnarial. Paradoxalement, c’est The Economist qui me l’a fait découvrir. En novembre 2008, Anheuser-Busch fusionne avec InBev. Le montant important de la dette du groupe pousse le conseil d’administration à donner des stock-options à 40 dirigeants du groupe s’ils parviennent à faire passer le niveau d’endettement du groupe sous un certain niveau. Les dirigeants coupent dépenses et dividendes, émettent des actions et vendent pour 9,4 milliards d’actifs. ABI atteint ses objectifs en 2011. C’est ce qui déclenche les 2,5 milliards de dollars de stock-options pour les dirigeants (la moitié pouvant être touchée en janvier 2014, le reste en 2019). Problème, les ventes d’actifs pour atteindre les objectifs n’étaient que provisoires. En effet, il apparaît qu’ABI a vendu l’entreprise coréenne, Oriental Brewery en 2009 à KKR, un fonds d’investissement, pour 1,8 milliards de dollars. Mais cette vente était accompagnée d’une option de rachat qu’ABI a actionnée, rachetant Oriental Brewery pour 4 milliards à KKR ! 50% des actifs vendus alors l’étaient avec une telle option, ce qui pose un gros problème moral.
Cette morale que les néolibéraux ignorent
The Economist ne voit pas de problème dans la transaction. Après tout, les actionnaires ont accepté ces bonus aux montants inhabituels. En outre, le cours de bourse d’ABI a été multiplié par 6. De plus, ABI a vendu Oriental Brewery pour 10 fois ses résultats en 2009 et l’a racheté à 11 fois ses résultats 4 ans plus tard. Rappelant que Suntory a payé Jim Beam 20 fois ses résultats, The Economist affirme « beau travail ». D’abord, il devrait rappeler que la performance boursière s’explique aussi par le timing, post crise financière. Ensuite, les marges dans l’alcool sont plus fortes que dans la bière.
Source: Le blog de Laurent Pinsolle
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zelectron 15/02/2014 19:29
Gil 15/02/2014 17:42
Brujitafr 15/02/2014 18:27