Près de 200 000 Brésiliens ont manifesté lundi 17 juin dans tout le pays, notamment à Rio de Janeiro où de violents affrontements ont éclaté dans la soirée entre un groupe de manifestants et la police. Le mouvement de contestation, qui dénonce la hausse du coût des transports publics et la facture du Mondial-2014 a pris une nouvelle dimension en pleine Coupe des Confédérations. Il s'agit des plus importantes manifestations sociales depuis celles dirigées en 1992 contre la corruption du gouvernement de l'ex-président Fernando Collor de Melo.
- Dans la capitale Brasilia, des milliers de jeunes se sont massés pacifiquement aux portes du Parlement après des heures de manifestation. Quelque 200 d'entre eux ont réussi à grimper sur le toit du Parlement où ils ont entonné l'hymne brésilien avant d'en redescendre spontanément.
- Le centre de Rio, lui, a été le théâtre de scènes de guérilla urbaine, avec des jets de cocktails molotov ou de noix de coco contre les policiers. Un policier a été roué de coups au sol tandis que des voitures ont été incendiées et des magasins pillés. Les policiers ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc. Ils ont effectué quelques tirs de sommation en l'air à balles réelles, ce qui n'a pas dissuadé un groupe de quelques dizaines de manifestants violents de prendre d'assaut le parlement de l'Etat de Rio, tandis que le gros de la manifestation restait pacifiquement massé devant le Théâtre municipal. Cinq policiers ont été blessés selon un communiqué, tandis que le quotidien O Globo évoque lui une vingtaine de blessés.
- A Sao Paulo, la capitale économique du pays, plus de 60 000 manifestants selon l'institut Data Folha ont défilé sans incident. Dans la soirée, l'immense avenue Paulista du centre de cette mégapole de 20 millions d'habitants était noire de monde et la circulation bloquée dans les deux sens. La semaine dernière, les forces anti-émeute y avaient durement réprimé une manifestation similaire, faisant des dizaines de blessés.
- A Belo Horizonte, troisième ville du pays, la police a dispersé une manifestation près du stade où se déroulait le match Nigeria-Tahiti de la Coupe des confédérations de football, répétition générale en miniature du Mondial-2014.
Des dizaines de milliers de Brésiliens sont descendus dans la rue, lundi 17 juin, pour protester - entre autres - contre l'augmentation du coût de la vie et la facture astronomique de la Coupe du Monde 2014, au moment où le Brésil connaît un ralentissement économique.
Crédits : AFP/EVARISTO SA
DILMA ROUSSEFF APAISANTE
"Nous ne permettrons pas que des manifestations perturbent les événements que nous nous sommes engagés à réaliser", avait averti quelques heures plus tôt le ministre des sports, Aldo Rebelo. Dans une apparente volonté d'apaisement, la présidente, Dilma Rousseff, a rectifié le tir quelques heures plus tard, affirmant que "les manifestations pacifiques sont légitimes et propres à la démocratie". "C'est le propre de la jeunesse de manifester", a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Le gouvernement a d'abord été pris de court par l'éclosion soudaine de ce mouvement apolitique la semaine dernière, après l'annonce de l'augmentation des tarifs des transports publics. Il semble à présent débordé par sa nouvelle dimension en grande partie attisée par l'indignation suscitée par les violences policières de la semaine dernière.
"LE BRÉSIL SE RÉVEILLE"
"Je suis venu parce que je veux que le Brésil se réveille. Ce n'est pas seulement contre la hausse des transports, mais pour l'éducation et la santé", expliquait ainsi Diyo Coelho, 20 ans, qui défilait avec un groupe d'amis à Sao Paulo, une fleur blanche à la main. "Viens, viens, viens dans la rue, viens !", scandaient à Rio les manifestants en milieu d'après-midi, tandis que du haut des tours de bureaux du centre-ville, des employés jetaient une pluie de morceaux de papier blanc en geste de soutien. "Je suis ici pour montrer que le Brésil n'est pas seulement le pays du football et de la fête. Ici, nous avons d'autres préoccupations, comme le manque d'investissements dans des choses réellement importantes comme la santé et l'éducation", justifiait pour sa part Daiana Venancio, 24 ans, diplômée en droit.
Cette fronde se développe alors que le Brésil, après des années de vigoureux développement économique et social, traverse une passe délicate marquée par une croissance en berne et une poussée de l'inflation (6,5 % annuels, 13 % pour le seul prix des denrées alimentaires). La popularité du gouvernement a chuté de 8 points en juin, pour la première fois depuis l'élection à la présidence en 2011 de Dilma Rousseff, qui reste largement favorite pour le scrutin de fin 2014.
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