Où en est-on aujourd’hui après l’invention de la première pilule, il y a un demi siècle ?
Après son arrivée dans les années 1960, la contraception orale, symbole de la libération des femmes et de liberté sexuelle, connaît un nouveau bouleversement. La pilule d’aujourd’hui a bien changé depuis sa grande sœur de 50 ans. Les pilules « nouvelle génération » ont vu le jour, comme Qlaira® en 2009 ou la dernière née Zoély® qui vient tout juste de sortir. Ces pilules d’un nouveau genre pourraient fortement améliorer le quotidien de millions de femmes et surtout préserver leur santé. Les pilules naturelles seraient aussi une excellente nouvelle pour l’environnement.
La pilule, moyen de contraception préféré des Françaises
L’arrivée de la pilule contraceptive a bouleversé la société dans les années 1960. Elle a permis aux femmes du monde entier de prendre le contrôle de leur sexualité. Mais depuis la révolution sexuelle, des découvertes sur l’impact de la pilule sur la santé et sur l’environnement en ont fait déchanté plus d’une.
Pourtant, elle reste le moyen de contraception préféré des femmes en France.
La pilule en chiffres
La pilule est le moyen de contraception le plus utilisé en Europe(1) ; c’est aussi la méthode n°1 pour les Françaises qui sont plus de 57% à l’utiliser. En moyenne :
- 79% des jeunes femmes de 15 à 19 ans l’utilisent
- 88% des 20-24 ans
- 67% des 25-34 ans
- 46,5% des 35-44 ans(2)
Des risques pour la santé ?
Les femmes qui utilisent la pilule lui restent très fidèles. En moyenne, leur histoire dure 8 à 10 ans. Mais ce moyen de contraception a-t-il une incidence sur la santé ?
Outre les nombreux effets secondaires plus ou moins gênants répertoriés (nausées, tensions mammaires, prise de poids, saignements, absences de règles…) d’autres effets plus graves on été constatés.
Par exemple, l’augmentation du risque du cancer du sein a été beaucoup étudiée. Pourtant, il s’avère que ce sont principalement les pilules « ancienne génération », fortement dosées qui ont une incidence sur les risques du cancer du sein.
De récentes études tordent le cou à ce qui pourrait n’être qu’une idée reçue. Par exemple, l’étude(3) menée par les chercheurs américains du Centre de prévention et de contrôle des maladies (Center for Disease Control and Prevention) et de l’Institut national de Santé (National Institute of Health) qui a porté sur un échantillon de 9 000 femmes a révélé des résultats encourageants. Il n’y aurait pas de lien entre la prise de pilule contraceptive et le cancer du sein.
La pilule contraceptive, désastre écologique ?
On le sait, les pilules conventionnelles sont bourrées d’hormones synthétiques. Eliminées par les urines, les dites hormones terminent dans les rivières, après leur passage dans les stations d’épuration.
Résultat : les poissons mâles « se féminisent » allant pour certains spécimens jusqu’à produire des œufs ! C’est le cas des gardons, étudiés par l’université du Havre depuis prés de 15 ans, qui produisent des œufs dans leurs testicules. Le programme européen Comprehend, mené par l’EAWAG (Institut fédéral pour l’aménagement, l’épuration et la protection des eaux) a étudié les effets d’effluents de stations d’épuration sur les truites arc-en-ciel mâles. Le même résultat a été observé ; on a en effet pu constater la féminisation des poissons. La pilule est un donc un véritable poison pour les poissons.
Les pilules naturelles débarquent
Bien que les risques de cancer soient écartés, les risques de thrombose veineuse (c’est-à-dire la formation de caillots sanguins) sont eux toujours présents.
Les laboratoires pharmaceutiques planchent donc depuis des années pour trouver une solution alternative. Une première pilule qui contient des œstrogènes dits naturels, c’est-à-dire identiques à ceux que produisent les femmes naturellement a été mise sur le marché français il y a 3 ans déjà.
Qlaira®, la pilule naturelle de Bayer
Qlaira® est formulée à base de valérate d’estradiol (le principe actif de l’estrogène). Elle se distingue donc des autres pilules qui sont composées quant à elles d’éthinylestradiol, une hormone de synthèse.
Qlaira® est quadriphasique : elle présente 4 dosages d’oestradiol et de progestatif différents selon le moment du cycle. Ces dosages sont différenciés par des comprimés de couleur. C’est peut-être bien ce qui a gêné certaines femmes réticentes à cette nouvelle pilule, estimant que la prise était compliquée. Pour le Docteur Letombe, gynécologue-obstétricienne à Lille « de toute façon, prendre n’importe quel médicament tous les jours et a fortiori sans symptômes, c’est compliqué ! Mais il ne faut pas oublier la présence d’une notice explicative indiquant la marche à suivre en cas d’oubli, pour chaque comprimé ».
Anne Gompel(4), gynécologue à l’Hôtel-Dieu, déclarait à la sortie de Qlaira® qu’elle « devrait permettre de diminuer le risque d’accident vasculaire, à la fois artériel peut-être même veineux, par rapport aux autres pilules et même au patch ou à l’anneau vaginal ». On sait aussi que l’association cigarette-pilule peut s’avérer dangereuse. Il y aurait probablement moins de risque avec cette pilule naturelle.
Pour le docteur Letombe, Qlaira® a été une véritable révolution dans le domaine. « C’est une contraception tout aussi efficace que les pilules 3ème génération que nous connaissons aujourd’hui, mais à moindre risque vasculaire. Selon les diverses études cliniques menées, elle présente la même tolérance pour les femmes. En plus, comme elle est à base d’œstrogène naturel, elle n’a pas l’impact écologique des pilules à base d’hormones synthétiques. Pourquoi s’en priver ? »
Zoély®, la pilule naturelle de Themarex
Le laboratoire Themarex présente Zoély® comme la 1ère et seule pilule monophasique à l’oestrogène naturel.
Le docteur David Elia de déclarer à son sujet « Un premier pas a été franchi en 2009, avec la commercialisation d’une pilule délivrant un estrogène naturel et un progestatif dans un schéma d’administration spécifique dit quadriphasique (Qlaira®, NDLR). Mais depuis décembre 2011, nous vivons sans doute une nouvelle révolution de la contraception : une pilule à l’estradiol, neutre et simple d’utilisation (schéma monophasique) est désormais commercialisée en Europe ».
L’avantage de Zoély® par rapport à Qlaira® serait ainsi sa simplicité d’utilisation. Elle présente en effet un schéma monophasique 24/4 : chaque plaquette comporte 24 comprimés actifs et 4 placebos. De cette manière, la prise est facilitée car continue ; il n’y a pas d’interruption entre 2 plaquettes. En plus, la conduite à tenir en cas d’oubli est simplifiée.
Pour le docteur Letombe, ces pilules naturelles peuvent être réservées à toutes les femmes, en respectant bien-sûr les contre-indications de tout œstroprogestatif oral. « Ces pilules ne soulèvent pas de grand enthousiasme pour l’instant, il y a même une certaine réticence de la part de confrères… Pour moi, il n’y a que des avantages à prendre la pilule : elle améliore la qualité de vie des femmes notamment en réduisant les syndromes prémenstruels, elle diminue les risques d’anémie, d’endométriose, de kystes ovariens, etc. La pilule naturelle cumule tous ces avantages et en plus réduirait peut-être le risque veineux. »
Elle conclut : « il est encore difficile aujourd’hui de quantifier les avantages des pilules à l’oestrogène naturel par rapport aux autres. Nous n’avons pas encore le recul nécessaire, il nous faudra peut-être attendre 4 ou 5 ans… C’est exactement le même cas de figure que lorsque l’on a commencé avec la pilule 3ème génération dans les années 1980. Nous n’avons pu tirer les conclusions de nos observations sur ses avantages par rapport à la 2ème génération qu’au début des années 1990. Il faut du temps. » source
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