Le rappel de l’Église au dogme sur la famille, agite l’opinion au moment où le gouvernement envisage le mariage et l’adoption homosexuels.
ALourdes, hier, deux laïcs ont lu la prière universelle de l'Assomption adressée par Mgr Vingt-Trois, président de la Conférence épiscopale française. Cela s'est fait dans un immense silence devant quelque 20.000 personnes et 130 prêtres rassemblés pour le pèlerinage national.
Les fidèles, recueillis, ont écouté sous un grand soleil les orateurs prononcer les mots qui ont fait réagir ces derniers jours les milieux homosexuels : « Que les enfants et les jeunes cessent d'être les objets des désirs et des conflits des adultes pour bénéficier pleinement de l'amour d'un père et d'une mère. »
L'enfant n'est pas un objet qui se marchandise
Notre-Dame de Paris avait inauguré, la veille, cette lecture, lors d'une grand-messe célébrée moitié en français, moitié en latin, suivie par une longue procession fluviale sur la Seine, qui a réuni 4.600 personnes.
Outre un hommage à la famille, la prière invite à « davantage de compassion et de générosité envers les victimes de restrictions diverses et qui voient l'avenir avec inquiétude. Et à prier pour ceux qui ont été récemment élus, pour que leur sens du bien commun de la société l'emporte sur les requêtes particulières ».
Ces derniers jours, la prière avait provoqué une polémique, des associations comme le Collectif contre l'homophobie (CCH). « Parler des familles, insister sur le fait qu'elles reposent sur un père et une mère […] on sait très bien que la prière fait allusion au mariage homosexuel »
Quant à l'Union des familles laïques (Ufal), elle a fustigé une tentative de « ranimer, contre la majorité nouvellement élue, une guerre idéologique autour de la famille ».
Mgr Bernard Housset, évêque de La Rochelle-Saintes insiste sur la notion « d'altérité homme-femme, nécessaire pour donner la vie » et redoute que l'enfant adopté ne devienne « un objet qui se marchandise ».
L'une des fidèles, Diane de Bony, 60 ans, quatre enfants et quatorze petits-enfants, tient le modèle classique de la famille pour le meilleur. Une famille homoparentale « ce n'est pas la voie du bonheur. La complémentarité entre la tendresse d'une mère et l'autorité d'un père reste déterminante ».
témoignages chrétiens
" Prenons un peu de distance par rapport à la doctrine "
En Touraine, hier, lors de la procession de Véretz, les opinions divergent. « Il faut prendre de la distance avec la doctrine dictée par l'Église », assure une jeune femme favorable au mariage pour tous.
Un père de famille semble plus gêné par la question : « J'y suis plutôt défavorable, c'est contre nature. Après le Pacs, pourquoi le mariage ? Si c'est pour avoir des enfants, ce n'est pas dans l'ordre normal des choses. » Un avis partagé par une retraitée : « Une famille, c'est un père et une mère, sinon c'est la porte ouverte à n'importe quoi. Mais je n'ai rien contre les homosexuels, les pauvres. » Une autre sexagénaire : « C'est un choix de vie, on ne peut pas être homosexuel et catholique. » Pour le curé de la paroisse, Jean-Pierre Gaillard, il était important que la prière du cardinal André Vingt-Trois soit lue à Véretz : « On réaffirme nos valeurs. Il y a le mariage homosexuel puis l'adoption et ensuite la question du genre, ça interroge. Ça permet de repenser le projet de vie de chacun. »
le chiffre
65
C'est la proportion de Français, sans distinction de religion, favorables au mariage homosexuel, selon un sondage publié hier par La Lettre de l'Opinion. Parmi les sondés, les catholiques pratiquants sont naturellement les plus prudents ne cautionnant qu'à 45 % une union homosexuelle. En revanche, les avis sont partagés sur la question de l'adoption homoparentale. Si 53 % des Français l'acceptent, ils ne sont qu'un tiers à la valider parmi les catholiques pratiquants. Enfin, évidence, plus on est jeune et à gauche, mieux on se montre ouvert à ces profondes mutations sociales. source
" Les autorités religieuses font preuve de discrimination " | |
Assomption |
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