Serait-il plus facile de changer la langue que de changer la vie ?
En 1981, la gauche découvrait les joies du pouvoir. Elle était d'une ambition immodérée et ne souhaitait qu'une seule chose : changer la vie. Deux ans plus tard, le tournant de l'austérité puis de la rigueur, l'arrimage au serpent monétaire européen, la construction des fondations de l'euro sonnèrent le glas de ce fol espoir.
Trente ans plus tard, le PS et ses alliés ont appris la culture de gouvernement. On ne peut pas faire tout et son contraire, même si on peut le dire. Les députés et la pensée dominante se sont forgé une certitude : quand les maux persistent, il suffit de changer les mots.
Ainsi, le chômeur se sent moins seul quand il est considéré comme un "sans-emploi" et l'aveugle recouvre la vue quand il n'est plus qu'un "non-voyant". Le Figaro (accès payant) se penche sur les nouveaux termes proposés (imposés ?) par la gauche dans les débats politico-sociaux du moment.
Ainsi, on ne se "lance plus dans des projets", on "produit des possibles".
L'école maternelle devient la première école car, selon la députée Sandrine Mazetier, c'est "neutraliser la charge affective maternante du mot maternelle" !
Maj = france : la loi peillon sur l’école introduit l’enseignement de « la théorie du genre » pour…
Dans le même calibre de sottises, merci de ne plus parler d'égalité hommes-femmes, mais d'égalité femmes-hommes. Visiblement, être cité en premier vous rend un peu plus égal que de l'être en second... On goûtera aussi cette phrase de Vincent Peillon, ministre de l'Éducation nationale : "Il revient à l'école française de contribuer à bâtir du commun." Sans doute donner aux élèves la même éducation est-il un parti pris trop décourageant pour les professeurs...
Faire disparaître la France et les Français
Cette novlangue brille par ses barbarismes et sa volonté de faire disparaître toute référence à la nation et à la France. En voici quelques exemples, dont on ne sait s'il faut en rire ou en pleurer : ne dites plus "construire la société française", mais "le nous inclusif et solidaire" ! Cette horreur figure dans un rapport rendu en 2013 et intitulé Refonder la politique d'intégration. Ce texte lénifiant déploie des trésors d'ingéniosité pour ne pas employer les mots France ou Français, qui semblent être devenus des insultes aux yeux des rédacteurs.
Dans le même rapport, retenez bien ce charabia : "De la conception à la gestion des espaces publics, comment construire un en-commun." Tout ça pour ne pas dire "bâtir une société harmonieuse". Les exemples pullulent. En voilà un dernier pour la route : les couples homosexuels ne sont plus dans l'impossibilité de procréer mais confrontés à "l'infertilité sociale", selon une expression trouvée par cinq sénateurs socialistes auteurs d'une proposition de loi datée du 19 juillet dernier !
Si d'aventure l'imagination devait manquer à ces linguistes, voici quelques suggestions qu'ils pourraient retenir. Foin d'épouse du président de la République ou de première dame, mais place à "l'accompagnant du locataire de l'Élysée". Oublions ce détestable mot de prison et préférons-lui ce vocable plus souriant de "centre aéré pour adultes turbulents" qui sera sans doute moins traumatisant pour ses occupants...
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