Le petit-déjeuner va-t-il devenir le repas le plus coûteux pour les consommateurs ?
En un an, les deux produits préférés du matin, ont vu leurs tarifs quasiment doubler : sur le marché mondial des matières premières, le cours du chocolat a décollé en mars dernier et affiche + 123 % d’augmentation ; le prix du café suit la même tendance avec une envolée plus tardive, mais atteint en novembre un niveau historique, avec une flambée de + 82 %.
Pluies diluviennes et maladies
Pour le cacao, cette évolution s’explique par des récoltes catastrophiques au Ghana et en Côte d’Ivoire, qui fournissent 60 % des fèves vendues dans le monde. Leur production a été divisée de moitié à cause de plantations touchées par des pluies diluviennes et des maladies qui s’en sont suivi.
Pour compenser les pertes de revenu, l’organisme régulateur du Ghana a d’abord augmenté le prix de son cacao de 58 % en début d’année, puis de 45 % en septembre. Le pays s’attend à ce que la production remonte à 650 000 tonnes pour la saison 2024/25, bien qu’un responsable de l’Organisation internationale du cacao ait déclaré qu’il la voyait autour de 500 000 tonnes. Toujours pas à hauteur des années passées.
Le café est également victime des changements climatiques. Au Vietnam, premier producteur mondial de robusta, la chaleur excessive freine la croissance des caféiers. Au Brésil, premier producteur d’arabica, c’est le manque de pluie qui a entraîné une baisse des récoltes. Les arbres caféiers au Brésil avaient profité de «pluies significatives» en octobre, contribuant à «une floraison exceptionnelle dans la plupart des régions productrices de café arabica», selon Guilherme Morya, de Rabobank. Mais l’analyste relève une «incertitude sur le déroulement de la floraison, qui soulève des inquiétudes importantes» sur la récolte 2025/26.
La pression des clients internationaux pour du café « bio » ou labellisés, incite aussi à utiliser moins de produits phytosanitaires et rend les plantations plus sensibles aux maladies ou ravageurs. Résultat, les productions baissent et le cours de la tonne de café grimpe.
Prix en hausse pour le consommateur
D’autant que les pays producteurs de cacao et de café ont tendance à anticiper le protectionnisme annoncé par Donald Trump et le nouveau règlement européen sur la déforestation. À partir du 1er janvier 2025, une nouvelle norme européenne obligera les importateurs à prouver que leur café ne provient pas de zones récemment déforestées. Une mesure vertueuse sur le plan environnemental mais qui crée des tensions : le foncier pouvant être dédié aux plantations est considéré comme levier de développement par les producteurs qui voient la demande mondiale croître.
Mais les consommateurs continueront-ils à boire du café ou manger du chocolat si leur rareté, et leur prix, en font des produits de luxe ? « Le chocolat, c’est tendu », reconnaît Dominique Schelcher, patron des supermarchés U. « Les chocolats de Noël en vente actuellement démarrent difficilement parce que le prix a augmenté de 5 à 6 %. Et il y a un impact direct sur la consommation. Pourtant, c’est un produit un peu « doudou »…» Le groupe suisse Lindt avait déjà annoncé une augmentation de tarifs pour ses produits en mars dernier.
Les grandes marques de café feront-elles comme les chocolatiers ? Des experts annoncent une dernière hausse de 20 % d’ici la fin de l’année.
Le prix du cacao continue d’augmenter, dépassant 10 000 dollars la tonne
Le prix du cacao continue d'augmenter, dépassant 10 000 dollars la tonne
L'envolée des prix, portée par des craintes de pénuries en Afrique de l'Ouest depuis un an, est passée à une vitesse encore supérieure cette année.
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