Le Français Thierry Breton a annoncé lundi sa démission de la Commission européenne avec effet immédiat, dans une lettre envoyée à sa présidente, Ursula von der Leyen.
"Il y a quelques jours, dans la toute dernière ligne droite des négociations sur la composition du futur Collège, vous avez demandé à la France de retirer mon nom – pour des raisons personnelles qu'en aucun cas vous n'avez discutées directement avec moi – et proposé, en guise de compromis politique, un portefeuille prétendument plus influent pour la France au sein du futur Collège" des commissaires, écrit Thierry Breton.
"C'est un autre candidat qui va vous être proposé" par la France, a-t-il ajouté.
Être commissaire européen, "fut un honneur", souligne l'ancien ministre français, mais "à la lumière des derniers développements – qui témoignent une fois de plus d'une gouvernance douteuse –, je dois conclure que je ne peux plus exercer mes fonctions au sein du Collège", conclut-il.
I would like to express my deepest gratitude to my colleagues in the College, Commission services, MEPs, Member States, and my team.
— Thierry Breton (@ThierryBreton) September 16, 2024
Together, we have worked tirelessly to advance an ambitious EU agenda.
It has been an honour & privilege to serve the common European interest🇪🇺 pic.twitter.com/wQ4eeHUnYu
Selon une porte-parole, la présidente Ursula von der Leyen a accepté la démission de Thierry Breton et le "remercie pour son travail".
Relations tendues avec Von der Leyen
Les relations entre la dirigeante allemande et Thierry Breton étaient notoirement tendues depuis que ce dernier avait pris la tête, au printemps, d'une fronde au sein de l'exécutif bruxellois pour contester le style de direction de la présidente, jugé peu collectif.
Le Français avait publiquement mis en cause l'éthique d'Ursula von der Leyen après la nomination fin janvier d'un émissaire chargé des petites et moyennes entreprises, un poste hautement rémunéré au sein de la Commission.
Le poste avait été attribué à l'eurodéputé allemand du Parti populaire européen (droite) Markus Pieper, quelques semaines avant un congrès à Bucarest début mars lors duquel le PPE avait apporté son soutien à un second mandat de Ursula von der Leyen.
La polémique avait abouti à un vote de défiance du Parlement européen contre Ursula von der Leyen, en pleine campagne pour les élections européennes de juin, et finalement au retrait de Markus Pieper.
Finalement réélue à la tête de la Commission en juillet, Ursula von der Leyen devait présenter mardi aux chefs de groupe du Parlement européen les noms et les portefeuilles des nouveaux commissaires, en marge d'une séance plénière à Strasbourg.
Bête noire de X
La composition de l'exécutif européen relève de l'exercice d'équilibriste, révélateur du poids des États membres, des forces politiques et des orientations de l'exécutif européen.
Avant le retrait de Thierry Breton, la situation était déjà incertaine en raison d'un blocage du côté de la Slovénie, où l'approbation de la nouvelle candidate Marta Kos par le Parlement national se fait attendre.
Le départ de Thierry Breton, qui s'était imposé comme une figure de l'exécutif bruxellois en s'attaquant aux abus de pouvoir des géants du numérique comme X ou TikTok, complique encore l'équation. Il avait également ouvert un enquête pour des manquements présumés de X en matière de protection des mineurs.
La directrice générale de la plateforme américaine, Linda Yaccarino, a d'ailleurs réagi à la démission du commissaire européen au Marché intérieur. Elle a estimé, dans un message posté sur X, que le départ inattendu du responsable français marquait "une belle journée pour la liberté d'expression".
En coulisses, la panique grandit ...
Puisque vous êtes là…
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