Le préfet de police de paris a affirmé en commission à l’Assemblée que le bilan de l’utilisation de ces caméras était « positif ».
SÉCURITÉ - Un « bilan positif ». Le préfet de police de Paris Laurent Nuñez a déclaré ce mercredi 25 septembre que la vidéosurveillance algorithmique (VSA) qui utilise l’intelligence artificielle (IA) pour prévenir les risques avait « démontré utilité » pendant les JO de Paris. Il s’est prononcé en faveur d’une prolongation de son utilisation.
« Nous présenterons le bilan au comité d’évaluation et au gouvernement. À titre personnel, et c’est la proposition que nous allons pousser [à la préfecture], nous sommes très favorables (à une prolongation) », a déclaré Laurent Nuñez au cours d’une audition devant la commission des lois de l’Assemblée nationale.
Pas de reconnaissance faciale
Le principe de la VSA est simple : il s’agit de caméras de surveillance classiques, mais dont les images sont analysées en direct par l’IA. Plusieurs tests avaient été réalisés en amont des Jeux, notamment lors des concerts de la superstar Taylor Swift ou ceux de Depeche Mode à Paris.
L’expérimentation de la VSA a été autorisée par promulgation de la loi sur les Jeux olympiques. Selon ce texte, l’objectif de la VSA est de « détecter, en temps réel, des événements prédéterminés susceptibles de présenter ou de révéler ces risques et de les signaler ». Mais cette loi autorise l’expérimentation bien au-delà des Jeux olympiques et paralympiques, et pousse le test jusqu’en mars 2025.
Face aux critiques sur les libertés individuelles, le ministère de l’Intérieur avait assuré qu’« en aucun cas l’expérimentation ne permet de faire de la reconnaissance faciale ». « Les caméras identifient des incidents », ajoutait-il, à savoir le non-respect du sens de circulation, le franchissement d’une zone interdite, la présence ou l’utilisation d’une arme, un départ de feu, un mouvement de foule, une personne au sol, une densité trop importante ou un colis abandonné.
Le gouvernement aura le dernier mot
Laurent Nuñez a détaillé ce mercredi que la VSA avait été utilisée « sur une dizaine de sites » par la préfecture de police. Le Monde rappelle que la RATP et la SNCF ont également utilisé cet instrument dans les transports.
Toutefois, aucune interpellation n’a fait suite à l’utilisation de ces caméras. « Je n’ai pas connaissance que nous en ayons fait. Ce n’était pas le but. Le but était de détecter un flux ou un mouvement anormal. Et, en ce sens, c’est un outil d’aide très utile. Je ne demande pas plus », a affirmé Laurent Nuñez.
C’est pourquoi il estime que la VSA pourrait être très utile pour aider « les opérateurs de vidéosurveillance » dans le cadre de « manifestations sportives ou culturelles isolées – des concerts par exemple ». Mais comme il l’a lui-même souligné, « c’est le gouvernement qui proposera ou pas la reconduction de ce dispositif ».
L’expérimentation de la vidéosurveillance algorithmique avait été autorisée par une « loi JO », adoptée en mai 2023, donnant lieu à de vifs débats, tout particulièrement sur le respect des libertés individuelles. Elle avait été circonscrite à la détection de différents comportements ou événements prédéfinis comme « anormaux » (objets abandonnés, chutes, mouvements de foule, etc.), excluant officiellement toute reconnaissance faciale.
Sa durée avait été étendue au-delà des seuls Jeux, jusqu’au 31 mars 2025, un rapport devant toutefois être remis par le gouvernement au Parlement au plus tard le 31 décembre cette année. Ces derniers mois, la Quadrature du Net, association de défense des libertés numériques, avait dit craindre que les pouvoirs publics « utilisent un moment exceptionnel », en l’occurrence les Jeux, « pour rendre une technologie acceptable » et que se normalise un dispositif dont elle estime qu’il peut conduire à des dérives sécuritaires.
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« Sur une dizaine de sites »
Durant les Jeux, l’utilisation de cette technique d’analyse des images s’est faite, au niveau de la Préfecture de police, « sur une dizaine de sites », a expliqué M. Nuñez, précisant que, si « pendant les Jeux olympiques, nous avons expérimenté beaucoup de choses », « les dispositifs étaient beaucoup plus opérationnels » pendant les Jeux paralympiques. La RATP et la SNCF ont, elles aussi, expérimenté la même technologie cet été dans les transports.
« Nous les avons utilisés plus souvent [lors des Jeux paralympiques], notamment lors de la cérémonie d’ouverture », a-t-il ajouté, précisant que cela avait donné lieu à « un certain nombre d’alertes dans les cas prévus par la loi, et uniquement ça ». Mais sans induire d’interpellations : « Je n’ai pas connaissance que nous en ayons fait. Ce n’était pas le but. Le but était de détecter un flux ou un mouvement anormal. Et, en ce sens, c’est un outil d’aide très utile. Je ne demande pas plus », a déclaré le préfet, réfutant tout objectif de « surveillance généralisée », évoqué par la députée (La France insoumise) Elisa Martin.
A l’appui de l’expression de son souhait de prolongation de l’utilisation de la vidéosurveillance algorithmique, le préfet de police a fait valoir que cette dernière serait plus utile pour des événements de moindre dimension que les Jeux olympiques et paralympiques.
L’emploi de la vidéosurveillance algorithmique à des fins de sécurité publique doit être prolongé au-delà des Jeux olympiques, afin d’en faire un outil courant pour les forces de l’ordre. C’est du moins l’avis qu’a défendu ce mercredi 25 septembre 2024 Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris. Il s’exprimait devant la commission des lois de l’Assemblée nationale.
La vidéosurveillance algorithmique, ou VSA, consiste à combiner des caméras de vidéosurveillance déjà déployées dans l’espace public, et par ailleurs dans les lieux donnant accès aux transports en commun, comme les gares, avec de l’intelligence artificielle. Il s’agit d’utiliser des algorithmes pour repérer des évènements particuliers à l’image.
C’est à l’occasion des Jeux olympiques de Paris, à l’été 2024, suivis des Jeux paralympiques, que ce dispositif a été mis en place, via une loi dédiée. Le texte a autorisé, à titre expérimental, l’utilisation de la VSA pour détecter une série de situations. L’outil n’a pas été calibré pour procéder à de la reconnaissance faciale, malgré des demandes en ce sens.
Dans le détail, l’intelligence artificielle cible actuellement les départs de feu, les objets abandonnés, les mouvements de foule, la présence d’armes, une personne à terre, la densité d’une foule, un véhicule ou une personne à contre-sens ou la présence d’une personne ou d’un véhicule dans un endroit interdit. En somme, des incidents.
Une technologie qui « a démontré son utilité »
In fine, c’est le gouvernement qui aura à trancher sur la prolongation, ou non, de la VSA. Mais aux yeux de Laurent Nuñez, cité par nos confrères du Monde, le bilan est « positif » et la technologie « a démontré son utilité ». De fait, l’intéressé est « très favorable » à une prolongation et a indiqué qu’il va pousser dans cette direction.
Laurent Nuñez a précisé que cette analyse des images a, pour ce qui est de la préfecture de police de Paris, concerné « une dizaine de sites » et qu’elle a surtout été mobilisée durant les Jeux paralympiques, qui ont eu lieu du 28 août au 8 septembre. Lors des JO, organisés du 26 juillet au 11 août, l’utilisation était davantage expérimentale, moins opérationnelle.
Aucune interpellation n’a eu lieu via la VSA, mais le préfet de police a relevé que « ce n’était pas le but ». Ici, il s’agissait « de détecter un flux ou un mouvement anormal. Et, en ce sens, c’est un outil d’aide très utile. Je ne demande pas plus ». En l’espèce, Laurent Nuñez a mentionné « un certain nombre d’alertes », sans plus de détails.
Actuellement, l’autorisation de l’expérimentation de l’intelligence artificielle est valable jusqu’au 31 mars 2025. Avant de se prononcer, l’exécutif doit remettre un rapport d’évaluation sur la mise en œuvre de la VSA, dont le contenu sera fixé par décret en Conseil d’État et après avis de la Cnil. Ce bilan doit être remis au plus tard le 31 décembre 2024.
Testée en amont des JO à diverses occasions (pour des concerts, des matchs de foot, dans certaines gares très fréquentées…), cette solution sécuritaire a suscité une forte controverse sur le terrain des libertés. Il n’est pas rare que, sous couvert d’expérimentation, des mesures soient finalement pérennisées d’une façon ou d’une autre.
Une prolongation évoquée dès 2023
Très tôt, d’ailleurs, le gouvernement avait ouvert cette perspective. Ainsi, dès septembre 2023, Amélie Oudéa-Castéra, qui était alors la ministre des Sports et des Jeux olympiques, avait évoqué la possibilité d’aller au-delà du 31 mars 2025, pour contribuer à la sécurisation de divers évènements publics, si cette technologie faisait ses preuves.
En raison du profil politique du gouvernement Barnier, beaucoup plus à droite que le précédent, et donc davantage à l’initiative sur les questions de sécurité, la requête formulée par Laurent Nuñez a des chances certaines d’être entendue avec bienveillance, et d’être suivie d’effet. Cela dépendra toutefois aussi de la capacité de l’exécutif à durer.
Le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, est décrit comme « très conservateur » et « tenant d’une ligne dure ». D’après le Nouvel Obs, il est décidé à pousser « le curseur encore plus loin sur la sécurité ». Lors de sa première prise de parole, le 23 septembre, Bruno Retailleau a insisté sur trois priorités : rétablir l’ordre, rétablir l’ordre et rétablir l’ordre.
On parle d’ailleurs déjà d’une nouvelle loi sur la sécurité, et ce pourrait être l’occasion d’y insérer une pérennisation de la VSA.
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