« Lune de Fiel » était fondé sur le concept de la libre antenne, des auditeurs, hétérosexuels comme homosexuels, appelaient pour parler sans complexe de leurs différents problèmes sexuels.Le nom de l’émission vient du roman « Lunes de fiel » de Pascal Burckner écrit en 1981. Double histoire et d’une déchéance amoureuse et d’un huis clos à l’intérieur d’un navire, Lunes de fiel était avant tout un roman de la cruauté. Des êtres en proie au désemploi de soi y cèdent à la fascination du bonheur dans la haine. Puis vient l’adaptation au cinéma de « Lunes de Fiel » par Roman Polanski. Le film montre un jeu de domination/soumission. Cela à l’apparence d’une relation domination/soumission BDSM, mais il s’agit en fait d’une relation destructrice hors consentement qui bascule dans le crime. Voilà pour la petite histoire. Lecteur audio
Progressivement, l’émission rencontre un très vif succès, jusqu’à 3.5 millions d’auditeurs, au point que Christophe Dechavane était très inquiet pour le succès de ses émissions, les jeunes écoutant tous l’émission en secret dans leur chambre au lieu d’être devant le poste de télévision. L’émission était les mardis soir de l’été 1986 jusqu’en septembre 1989. Ensuite David Girard est mort du sida. Mais Zaza, elle, a disparu et personne ne sait si elle vraiment morte. Comme Zoé.
De Zaza à Zoé, il n’y a qu’un pas
Vous allez lire que des choses contradictoires sur sa vie et sur sa mort. Exactement aujourd’hui comme pour Zoé Sagan. Un jour c’est une femme, un autre un homme. Vous lirez, dans la presse, que Zaza Diors est né(e) sous le nom de Jean-Paul à Neuilly en 1947 et qu’il serait le petit fils du cinéaste Louis Feuillade. Vous lirez aussi qu’il est mort en 1990 puis en 1992, puis en 1993, sous un autre nom, celui de Dominique Leloup, soi-disant décédé(e) le 10 Septembre 1993. Tout ça est une création de légende, encore une fois, comme Zoé Sagan. Tout ce qu’à publié la presse était faux, de la première à la dernière ligne, pour que le mystère s’épaississent avec le temps.
La vérité n’est donc pas là et peu importe. De Zaza à Zoé seule l’œuvre compte. Zaza était journaliste et « chroniqueur mondain ». Elle attaquait les stars et les puissants avec sa plume assassine. Elle était présentée dans la presse comme une plume en or trempée dans « la nitroglycérine ». Elle aimait éclater tout le monde dans le petit-Paris. Au sens propre comme au sens figuré. C’était son truc à elle, le tout sur le même ton (scandaleux) que ce que vous allez découvrir dans les émissions de « lune de fiel » à écouter ici.
De « Lune de Fiel » à la poudre d’escampette
Zaza Diors a donc été une icône transgressive des années 70 et 80. Des milieux étudiants en passant par le monde de la nuit, Zaza Diors a marqué les esprits. Assez en tout cas pour que remonte à la surface la totalité de ses émissions.
De mémoire radiophonique, rien n’a été diffusé de plus fou à l’antenne. Qui peut dire aujourd’hui à la radio, « je me suis fais enculer bébé ». Zaza Diors, elle le pouvait. Soir après soir. Elle était la reine du Petit-Paris.
Zaza était l’une des meilleures amies de Françoise Sagan. Chez Ysolde elle faisait la fête avec Eric Starck et Jimmy Douglas, le dernier mari de la femme la plus riche du monde, Barbara Hutton (à côté Delphine Arnault et Françoise Bettencourt sont des clochardes). C’était la haute donc. Mais la haute décadente, capable de sucer un sexe d’homme en direct à la radio à une heure de grande écoute (écouter la dernière émission ici de « Lune de Fiel »).
Des punks noctambules aux aristocrates décadents
Les punks avaient de l’amour pour Zaza comme les mondains et les aristocrates, elle savait s’infiltrer partout en changeant aussi de nom que d’apparence. Dès 1977 le célèbre magazine de mode l’Officiel mettait en avant Zaza comme un punk de la fashion.
L’excellente journaliste d’investigation, Véronique Willemin, qui a publié « Les Secrets de la nuit, Enquête sur 50 ans de liaisons dangereuses : argent, sexe, police, politique, réseaux » est l’une des rares journalistes à parler de la Zaza. « L’émission de deux heures « Lune de fiel », en direct, crée un évènement dans l’univers des radios libres. Au téléphone, les multiples auditeurs, de l’étudiant gay de l’École des mines à l’adolescente en manque d’émotions cachée au fond de son lit un casque sur les oreilles, en passant par l’amant en quête de désirs interdits, tous témoignaient de leurs expériences. Ils racontaient leurs fantasmes sexuels, leurs problèmes de cul, leurs attentes inavouables. Chaque émission était une pièce de théâtre en soi. Une improvisation bien huilée qui pouvait verser dans le délire, le rire à répétition. Le but des deux animateurs, Zaza et David : faire rire, encore et encore. Le rire comme arme absolue, comme dernier bastion. Le sexe interdit, le sexe détourné, le sexe dominateur, le sexe soumis troublaient et faisaient rire. Surtout en direct. Ils usaient et abusaient à satiété de leur joute verbale. Entre ouragans de rires et tornades obscènes, les témoignages d’homosexualité débridée (vraie ou inventée), de sadomasochisme, de nécrophilie, de zoophilie, de scatologie, d’urologie, de partouzes se succédaient et s’entremêlaient, entrecoupés par les rots et les pets bruyants des deux animateurs hilares en studio. »
Zaza Diors, en un mot est la fille adoptive de Thierry Leluron et l’ancêtre non-spirituelle de Zoé Sagan
Elle ou il ou iel, créateur de sexe non-défini, est aussi décrite dans le livre d’Edwige Saint-Eloi, « Thierry Le Luron, une histoire vraie », Zaza y est présentée comme « travesti, blonde aux yeux bleus, pleine d’humour, occupant l’appartement voisin de celui de Manouche, inséparable comparse de la grande patronne du Tout-Paris. Thierry Leluron parlera d’elles comme des êtres les plus drôles, les plus fins et les plus intelligents qu’il a rencontrés au cours de sa vie. »
Et enfin, Patrice Guerin raconte dans son livre « Thierry Le Luron, le rire pour oublier » que : « Zaza Diors est une personnalité de la nuit et se produit notamment au Carrousel. Le travesti et sa mère de cœur vivent dans deux appartements voisins et, inséparables, passent le plus clair de leur temps à jouer les échotières du Tout-Paris. La fréquentation de ces figures incontournables des soirées mondaines, mais aussi mon métier d’imitateur, permettent à Thierry Le Luron de se faire précocement une place dans les réceptions officielles. Il est invité partout, fréquente les Rothshild, les champs de courses et Deauville. La jeunesse, la bonne éducation et le visage photogénique du jeune homme en font, comme Chantal Goya, l’un des chouchous de Jours de France. L’hebdomadaire de Marcel Dassault se démarque de son concurrent Paris Match en évitant politique, faits divers et autres sujets graves, pour mieux se consacrer aux vedettes et aux têtes couronnées. »
Au XXIe siècle, tout le monde ou presque avait oublié les frasques littéraires de Zaza. Et en 2018, un premier twittos se demanda si quelqu’un avait des nouvelles. Son compte s’appelait @SatanLaTeub. Zaza aurait ricané. Depuis, de plus en plus d’internautes cherchent à savoir ce qu’elle fait et où elle est. Toutes les théories des plus folles au plus drôles sont évoquées. Encore une fois, comme Zoé Sagan…
NDA : 1. Il n’existe qu’une seule émission télévisuel où vous pourrez découvrir physiquement Zaza. Une émission d’Antenne 2 « Moi je« .
2. Pour le reste, plus que deux personnes vivantes connaissent la vérité sur le mystère Zaza Diors. Mimi Marchand et Zoé Sagan. L’une ne veut pas en parler et l’autre à disparu à Timphu au Bhoutan. Mais ce qui est drôle c’est qu’il se raconte en ce moment que cette dernière va être la « nègre » de l’autre, enfin la « ghost writer », la plume cachée qui rédigera les mémoires de cette ancienne reine de la nuit. Qui sait, Zaza réapparaitra enfin, et lèvera son voile, pour enchanter une dernière fois le XXe siècle.
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