Le CMI/l’Etat profond
La semaine dernière nous parlions de l’influence du CMI, le Complexe militaro-industriel, sur la politique du monde occidental. Le fameux « Etat Profond étasunien » est cette association entre l’industrie de l’armement et les fonctionnaires de la sécurité (Pentagone et agences de renseignements) qui manipulent les institutions au mieux de ses intérêts financiers et systémiques.
Comme nous l’explique Glenn Diesen, un des relais de cette influence est le « Think Tank » ou la « société de conseil », par exemple Mc Kinsey qui a l’influence que l’on sait sur le gouvernement Macron et l’Union Européenne :
« Aux États-Unis, les groupes de réflexion ont acquis une influence considérable sur les décideurs politiques et le public. Ils fournissent aux hommes politiques des rapports de recherche et des analyses sur lesquels ils fondent leurs décisions. Les groupes de réflexion servent également de salle d’attente pour les politiciens qui ne font plus partie du gouvernement, dans un système de portes tournantes, ce qui permet aux groupes de placer leurs propres “fellows” aux postes les plus élevés de Washington. Les groupes de réflexion fournissent également des analyses pour les auditions du Congrès et dominent dans les médias en tant que source d’opinions d’experts. Ils sont donc devenus un centre important du pouvoir politique.
Alors que le pouvoir des groupes de réflexion ne cesse de croître, la question se pose de savoir qui les finance et pourquoi. Aux États-Unis, les groupes de réflexion libéraux et conservateurs sont, dans leur grande majorité, financés par l’industrie de l’armement. Ce phénomène est lié à la puissance du complexe militaro-industriel américain. Par conséquent, même avec l’extrême polarisation politique à Washington, il existe un soutien bipartisan fiable à la guerre en tant que solution à la plupart des problèmes, car l’industrie mise sur les deux partis politiques. L’option de démilitarisation de la politique étrangère américaine et de réduction du budget militaire échappe donc de plus en plus au contrôle démocratique. Le président Dwight Eisenhower avait mis en garde contre l’influence envahissante du “complexe militaro-industriel” lors de son discours d’adieu en janvier 1961. Eisenhower a d’abord utilisé l’expression “complexe militaro-industriel-congressionnel”, mais l’a révisée pour éviter de faire honte au Congrès et de le provoquer.
Plusieurs enquêtes menées par le New York Times ont révélé que l’industrie des groupes de réflexion s’est considérablement développée au cours des dernières décennies et a corrompu la politique grâce à un modèle commercial qui vend l’accès et l’influence. Matthew Rojansky, directeur du Wilson Center, a tiré la sonnette d’alarme en avertissant que les think tanks « sont devenus des groupes de pression, ou même des lobbyistes, sous un autre nom », simplement en fonction des forces du marché, étant donné que « les partis politiques veulent des propagandistes loyaux, et non pas des universitaires tatillons et équivoques. Et les donateurs potentiels veulent des tireurs d’élite chevronnés pour tirer leurs balles politiques sur la bonne cible au bon moment ». Les groupes de réflexion sont ensuite devenus un symptôme de l’hypercapitalisme, dans lequel tous les aspects de la société sont devenus un appendice du marché. Aujourd’hui, même l’influence politique est régulée de cette manière et les groupes de réflexion en sont une composante importante.
Ces groupes de réflexion financés par l’armée ont également fait une entrée remarquée dans l’UE, où les ONG dépendent traditionnellement davantage du financement gouvernemental que leurs homologues américains. Toutefois, l’industrie de l’armement a fait des percées en raison de l’importance croissante des questions de sécurité et des questions militaires en Europe. Pendant les années du Russiagate, les groupes de réflexion affiliés à l’OTAN ont renforcé leur influence dans l’UE sous prétexte de contrer l’ingérence russe. M. Daly a souligné l’ironie de l’autorité accordée aux « groupes de réflexion atlantistes et de l’OTAN, qui font du lobbying pour des intérêts qui profitent des conflits, est une ironie amère pour un comité destiné à enquêter sur les ingérences étrangères dans les processus démocratiques de l’Union européenne et à y remédier ».
https://www.dedefensa.org/article/pouvoir-cache-mais-tellement-visible
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Voici, cette semaine, un exemple des conséquences de la pression du CMI sur les médias pour empêcher tout appel à la paix, car la paix est contraire à leurs intérêts financiers et carriéristes :
« Le 16 mai dernier, le New York Times a publié une pleine page de publicité signée par 15 experts américains de la sécurité nationale au sujet de la guerre en Ukraine. Intitulée « Les États-Unis devraient être une force pour la paix dans le monde. » Elle a été rédigée par le Eisenhower Media Network. »
C’est-à-dire que pour qu’un article signé par 15 experts en sécurité nationale puisse être publié dans le New York Times, ces experts doivent fouiller au fond de leur poche et payer le journal (environ 150.000$). J’imagine qu’ils ont dû d’abord le proposer simplement pour publication et que devant le refus du journal, ils ont été obligés de payer pour y avoir accès. Encore un exemple nous montrant que la pluralité de la presse n’est plus qu’un simple préjugé meublant nos esprits dépassés par la situation.
« La déclaration qualifie la guerre de « désastre absolu » et exhorte le président Joe Biden et le Congrès à « mettre fin rapidement à la guerre par la diplomatie, compte tenu notamment des dangers d’une escalade militaire qui pourrait devenir incontrôlable. »
Cet appel à la diplomatie lancé par d’anciens initiés sages et expérimentés – diplomates, officiers militaires et fonctionnaires civils américains – aurait été une intervention bienvenue au cours de n’importe lequel des 442 jours qu’a duré cette guerre…
Les experts qui ont signé la déclaration du New York Times ont rappelé qu’en 1997, 50 experts américains de haut niveau en politique étrangère avaient averti le président Bill Clinton que l’élargissement de l’OTAN était une « erreur politique de proportions historiques » et que, malheureusement, Clinton avait choisi d’ignorer cet avertissement. Biden, qui poursuit aujourd’hui sa propre erreur politique aux proportions historiques en prolongeant cette guerre, ferait bien de suivre les conseils des experts politiques actuels en aidant à forger un règlement diplomatique et en faisant des États-Unis une force pour la paix dans le monde. »
Mais tant que le CMI tiendra le pays et ses institutions dans sa main d’acier, cette dernière phrase restera un vœu pieux.
Moon of Alabama met en lumière une autre technique de manipulation des consciences, utilisée par ceux qui veulent que la guerre en Ukraine se perpétue, l’astroturfing :
« L’astroturfing est une pratique qui consiste à dissimuler les sponsors d’un message ou d’une organisation (politique, publicitaire, religieuse ou de relations publiques, par exemple) pour faire croire qu’il provient de participants de base qui les soutiennent. Il s’agit d’une pratique visant à donner de la crédibilité aux déclarations ou aux organisations en dissimulant des informations sur les bailleurs de fonds de la source. »
https://lesakerfrancophone.fr/la-manipulation-de-lopinion-pour-plus-de-guerre-en-ukraine
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Etrange à première vue, voilà que les médias grand public, dont France 24, se fendent d’un article reconnaissant le niveau d’espionnage de la société civile, espionnage normalement interdit par la constitution, dénoncé par des lanceurs d’alerte comme Snowden et Assange qui le payent chèrement, et qui pourtant continue allègrement :
« Un rapport de la Direction américaine du renseignement national, rendu public lundi, reconnaît l’importance pour les espions américains des informations vendues par des marchands de données. Des ressources qui permettent d’établir un réseau de surveillance des Américains très intrusif. Peut-être même trop pour les espions eux-mêmes. »
Ha oui, les « marchands de données » sont devenus l’alibi total à l’espionnage de l’individu lambda.
« Les espions américains croulent sous les informations personnelles sur les Américains. Telle est la conclusion d’un rapport remis fin janvier à Avril Haines, directrice du renseignement national, et qui vient d’être déclassifié.
Ce document d’une cinquantaine de pages détaille le très vaste réseau de surveillance que les agences américaines de renseignement ont pu mettre en place grâce aux informations mises en vente par les marchands de données. »
On déclassifie rapidement un document qui permet de rendre légal la surveillance généralisée de la population puisque ce sont les « marchands de données » qui le font. Plus de non-respect de la constitution par les renseignements qui pourront maintenant justifier leur surveillance sans mandat d’un juge.
On entend souvent l’argument disant « je ne crains pas l’espionnage généralisé car je n’ai rien à cacher », considérant ainsi que ce n’est pas un danger pour la société. C’est oublier trop vite pourquoi nos ancêtres ont jugé bon d’installer des gardes fous dans la constitution. Parce que dès qu’une institution obtient trop de pouvoir, elle va rapidement en abuser, d’où contre-pouvoir et gardes fous indispensables, sinon c’est le totalitarisme qui s’installe automatiquement. Et là, il sera trop tard pour réagir.
Covid 19 et injections ARNm
Encore des procès en perspective, en Allemagne cette fois, intenté contre les labos ayant produit les injections ARNm anti-Covid :
« Ce procès pourrait bien être le premier d’une longue série, à en croire les cabinets d’avocats qui représentent la plaignante, Rogert & Ulbrich, de Düsseldorf, et Cäsar-Preller, installé à Wiesbaden. Ils affirment avoir plusieurs centaines de leurs clients qui souffrent des conséquences de la vaccination anti-Covid, des cas qu’ils comptent porter devant les tribunaux allemands. Les trois quarts des injections administrées aux Allemands étant fabriqués par BioNTech, cette firme sera en première ligne dans ce bras de fer judiciaire à venir. »
https://francais.rt.com/international/105859-biontech-vaccin-covid-justice-allemande
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De nouvelles recherches réellement indépendantes, c’est-à-dire non menées par les labos pharmaceutiques, montrent que :
« …Les injections répétées de vaccins COVID-19 affaiblissent le système immunitaire et pourraient exposer les personnes qui les ont reçues à des pathologies dangereuses comme le cancer.
Des doses répétées de vaccins COVID-19 Pfizer ou Moderna font monter les niveaux des anticorps IgG4, qui peuvent produire un effet protecteur. Mais les chercheurs affirment dans leur article qu’un faisceau d’éléments de plus en plus fourni indique que les “taux anormalement élevés” de cette sous-classe de l’hémoglobine expose en fait davantage le système immunitaire à la protéine spike COVID-19 présente dans les vaccins. »
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Le Pr P.E. Alexander, du Brownstone Institute a fait une recension d’études scientifiques et en a trouvé 167 montrant l’inutilité, voir même le coté néfaste, des masques sur le contrôle et la transmission de virus.
« Le Dr Alexander est titulaire d’un doctorat en médecine, avec une expérience en épidémiologie et en enseignement de l’épidémiologie clinique. Il a été professeur adjoint à l’Université McMaster en médecine fondée sur des données probantes et en méthodes de recherche ; il a été conseiller en synthèse de données probantes sur la pandémie de COVID auprès du centre OMS-PAHO à Washington, DC (2020) ainsi que conseiller principal en matière de politique sur la pandémie de COVID au sein des Health and Human Services (HHS) à Washington, DC….
Il n’est pas déraisonnable de conclure que les masques chirurgicaux et les masques en tissu, utilisés comme ils le sont actuellement (sans autres formes de dispositif de protection individuelle), n’ont aucun impact sur le contrôle de la transmission du virus Covid-19. Les données disponibles suggèrent que les masques faciaux peuvent être réellement nocifs. L’ensemble des données probantes indique que les masques faciaux sont largement inefficaces. »
Manipulation de l’information
Ce texte d’un analyste italien nous fait prendre conscience de l’importance d’une information équilibrée pour une saine démocratie :
« À l’ère de la mondialisation, une information correcte revêt une importance vitale car elle nous permet de connaître les dynamiques politiques, géopolitiques, sociales et culturelles qui affectent notre société et nous relient au monde entier, un monde qui semble toutefois avoir annulé les identités, le respect et la protection des pays individuels : chaque pays est contraint de s’adapter aux processus de cette mondialisation sans tenir compte de ses intérêts, de ses besoins et de ses potentialités. Il s’agit d’une réalité amplifiée dans laquelle un pays individuel a d’énormes difficultés à s’intégrer, aussi et surtout parce que ses citoyens sont privés des informations qui pourraient garantir la possibilité d’évaluer les choix politiques les plus avantageux pour eux-mêmes et pour la nation dans son ensemble. Je dirais que le principe de base de la démocratie réside précisément là, dans la capacité d’un peuple non seulement de pouvoir choisir mais de savoir choisir, c’est-à-dire de connaître les faits avec leurs implications conséquentes pour la compréhension réelle des propositions qui nous sont progressivement offertes par la politique, la politique qui devra ensuite nous représenter au Parlement et dans le gouvernement du pays.
Une bonne information de base et le désir de participer à une politique active peuvent donner au peuple les outils indispensables pour contrôler le travail de son gouvernement, mettant ainsi pleinement en œuvre ce que l’on appelle le “pouvoir de commandement”, une prérogative fondamentale pour être considéré comme un peuple libre et autodéterminé. Dans cette perspective, l’importance d’une information correcte, pilier irremplaçable d’une conscience collective saine et responsable, apparaît fondamentale. »
http://euro-synergies.hautetfort.com/archive/2023/06/07/information-libre-pensee-et-democratie.html
Et c’est justement la raison pour laquelle les médias grand public ont été pris en otage par les puissances militaro-financières.
Autre exemple de la manipulation des consciences, par une ONG comme Reporter sans frontières, cette fois :
« Dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse 2023, publié le 3 mai dernier par Reporters sans frontières (RSF), l’Ukraine effectue un bond prodigieux de 27 places, passant de la 106e à la 79e position sur 180 pays étudiés. « Malgré la désorganisation des rédactions et les difficultés liées à la couverture d’un pays en guerre, ainsi que des restrictions de reportage, en général proportionnées à la situation, les journalistes bénéficient d’une plus grande liberté, explique l’association. La guerre et l’esprit d’union nationale ont réduit l’emprise des oligarques sur les médias et les pressions dues aux clivages. »
Ce conte de fées a étonné l’organisation américaine Fairness and Accuracy in Reporting (FAIR). L’observatoire critique des médias rappelle (1) que, le 29 décembre dernier, le président Volodymyr Zelensky a signé une nouvelle loi qui, sous toute autre latitude, aurait épouvanté RSF et fait dévisser le pays au classement. Le texte octroie en effet au Conseil national de télévision et de radiodiffusion — l’organe de régulation des médias ukrainien — le pouvoir de sanctionner d’amende, de fermer, de révoquer les licences sans jugement ou de bloquer n’importe quel titre, antenne, média social ou plate-forme. Or les autorités contrôlent étroitement ce conseil puisque M. Zelensky en nomme quatre des huit membres et le Parlement quatre autres. »
https://www.monde-diplomatique.fr/2023/06/RIMBERT/65824
Bonne semaine à tous. A lundi prochain.
Puisque vous êtes là…
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