Le dépôt de la motion de censure transpartisane du groupe LIOT, en réaction au 49.3 sur la réforme des retraites, redonne espoir à tous ceux qui rêvent de voir tomber le gouvernement d’Élisabeth Borne. À vingt-quatre heures du vote, l’issue en est toujours incertaine. Mais si elle passait ?
L’opposition veut y croire. Le président du RN Jordan Bardella juge cette issue « possible si les oppositions se rassemblent » et assure sur C8 que « le gouvernement est contraint de démissionner » dans la foulée. Mais en réalité, la Constitution ne dit pas cela.
L’article 50 dispose que « lorsque l’Assemblée nationale adopte une motion de censure (...) le Premier ministre doit remettre au Président de la République la démission du Gouvernement. » Sans plus de précision.
(...)
Une seule option pour garder Élisabeth Borne
Pour commencer, rien dans la Constitution n’indique dans quel délai Élisabeth Borne doit remettre sa démission au chef de l’État. Se rendra-t-elle à l’Élysée immédiatement après le vote de la motion ? Le lendemain comme Georges Pompidou ? Ou une semaine après ? La Première ministre semble a priori libre de son choix.
Plus important encore, rien ne dit non plus si Emmanuel Macron est obligé d’accepter la démission de sa cheffe de gouvernement. À l’issue de législatives en demi-teinte pour le camp présidentiel, Élisabeth Borne avait sacrifié à l’usage (non inscrit dans le règlement) en présentant sa démission « de courtoisie » au président de la République. D’ordinaire et même si le locataire de Matignon est renommé dans la foulée, cette démission entraîne un remaniement. Mais Emmanuel Macron avait dérogé à l’usage, en refusant le départ de sa Première ministre. Un remaniement avait cependant eu lieu trois semaines plus tard.
Fera-t-il de même, si la motion de censure échoue de peu mais que la cheffe du gouvernement, fragilisée, présente malgré tout sa démission ? Et, dans le cas où la motion aboutit, que décidera-t-il ? Alors qu’il est déjà critiqué pour sa méthode « brutale » et régulièrement accusé de « passer en force » au Parlement avec le 49.3, refuser la démission de la Première ministre désavouée par le Parlement serait un affront que les manifestants ne lui pardonneraient pas. S’il tient tant à conserver Élisabeth Borne il n’a plus qu’à espérer que la motion de censure soit rejetée.
Pourquoi #Macron
sera contraint de dissoudre
l'Assemblée
EDITORIAL. Emmanuel Macron est en rade. Contraint de recourir à l'article 49.3 sur la réforme des retraites, il ne peut plus compter sur les députés LR pour faire passer ses réformes. Face à une Assemblée bloquée, il n'aura pas d'autre choix que de dissoudre. Une décision dangereuse, qui risquerait d'ailleurs de se retourner contre lui.
S’il fallait en croire les conseillers de l’Elysée, Emmanuel Macron (une fois passé le calvaire, le chemin de croix, des retraites et c’est fort loin d’être le cas) fourmille de projets- travail, santé, immigration, éducation, écologie, institutions- tous ambitieux, tous nécessaires. Le pouvoir, on le comprend d’ailleurs, fait "comme si"… "Comme si" tout était normal. "Comme si" la persistance du mouvement social et du front syndical uni n’était pas un élément majeur. "Comme si" il ne fallait pas redouter que les jeunes, lycéens et étudiants mêlés, prennent enfin une part active, et par définition incontrôlée, à la contestation. "Comme si" nos institutions continuaient à fonctionner, "comme si" elles n’étaient pas en panne, ces institutions de la Vème République dont nous sommes à juste titre si fiers mais qui, à l’Assemblée nationale au moins, lieu cardinal de notre démocratie, se sont encrassées jusqu’au blocage.
Le piège LR s'est refermé sur les macronistes
Voilà en effet la conséquence mécanique et institutionnelle majeure de cette épreuve des retraites: la fameuse majorité "relative" du camp macroniste sera désormais dans l’incapacité quasi chronique de faire passer une loi d’importance. Pour gagner, sachant que nulle négociation n’est envisageable avec la Nupes et le RN, les macronistes ont un besoin impératif de s’allier, texte après texte, avec trentaine de députés les Républicains (sur 61). Ils ne l’obtiendront pas; ils ne l’obtiendront plus. Fini. Le piège s’est refermé.
Peu avant l’élection présidentielle 2022, Nicolas Sarkozy avait tenté de convaincre le président-candidat Macron qu’il lui fallait faire une alliance-programme avec LR, choisir un premier ministre issu de cette droite là, ne pas présenter de candidats contre ses députés-sortants. Le chef de l’état n’avait pas accédé à la requête de l’ex. Elle lui semblait inutile puisqu’il était convaincu d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale, qu’il l’agrémenterait de quelques débauchage[...]
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