De très nombreuses rivières et plans d'eau européens (ici le Lac des Brenets à la frontière entre la Suisse et la France photographié le 18 juillet) sont asséchés. (Fabrice COFFRINI/AFP)
Selon un rapport de la Commission européenne, près de la moitié du territoire de l'UE manque d'eau. Une situation liée à un déficit de précipitations. Le phénomène a des conséquences multiples.
En plus de traverser une vague de chaleur , l'Europe manque cruellement d'eau. C'est la conclusion d'un rapport publié ce lundi par le Centre commun de recherche (CCR) de la Commission européenne.
Au total, 46 % du territoire de l'Union européenne se situe à un niveau d'« avertissement », c'est-à-dire présentant un déficit important d'humidité au sol. Quelque 11 % du territoire de l'UE serait par ailleurs déjà en état d'alerte, selon le rapport. La situation est particulièrement préoccupante en France , en Roumanie, dans l'ouest de l'Allemagne, mais également en Italie, en Grèce et dans la Péninsule Ibérique, pointent les experts.
Déficit de précipitations
Cette sécheresse, qui a commencé dès le début de l'année , est liée à un important déficit de précipitations. Ainsi, entre septembre 2021 et avril 2022, les précipitations ont été inférieures de 19 % rapport à la moyenne dans les territoires en niveau d'« avertissement » et de 22 % dans les territoires en état d'alerte.
Cette sécheresse a été renforcée par de fortes vagues de chaleur qui, cette année, ont frappé le continent particulièrement tôt. Et la situation est en train de s'aggraver, avertissent les experts du CDR.
Lire aussi :
En images : canicule et incendies frappent une large partie de l'Europe
Vague de chaleur en France : un avant-goût de la normalité de 2050
En raison du manque d'eau, la plupart des sols européens présentent des anomalies négatives d'humidité. Comparé à la situation de mai-juin, ce déficit d'humidité s'est accru en Hongrie, en Slovaquie et en Roumanie. L'Allemagne et la Pologne ont elle aussi vu leur situation se dégrader. Le sud de la France, l'Italie et le Portugal n'ont, eux, pas rattrapé, leur déficit d'humidité lors du mois écoulé.
Conséquences sur les rendements agricoles
Les conséquences de cette sécheresse sont multiples. Elle affecte directement les rendements agricoles, qui étaient déjà moins importants que la normale. Sont particulièrement concernés la France, la Roumanie, l'Espagne, le Portugal, l'Italie et, dans une certaine mesure, l'Allemagne et la Pologne. En mai, la FNSEA avait averti que la perte de rendement pouvait atteindre jusqu'à 40 % si la situation venait à se prolonger.
L'autre conséquence du déficit de précipitation est l'assèchement des fleuves et des rivières. En France, les touristes visitant les gorges du Verdon ont pu constater un débit réduit à peau de chagrin, rendant impossible bon nombre d'activités nautiques. De nombreuses rivières européennes connaissent le même sort, notamment en Europe de l'Est, mais aussi en Italie, où le Pô est confronté au « niveau de gravité de sécheresse le plus élevé » de l'UE, indique la Commission.
L'hydroélectricité au ralenti
Le débit réduit des cours d'eau affecte la production hydroélectrique. En Espagne, les réservoirs des barrages contiennent 31 % d'eau en moins par rapport à la normale, entraînant des pertes de production allant jusqu'à 3.060 GWh sur les six premiers mois de l'année.
Le manque d'eau affecte également la production des centrales thermiques. La situation risque d'augmenter encore davantage les prix européens de l'électricité, qui ont déjà atteint des records , avertit le rapport. Seule solution pour remédier à ce problème, s'attaquer à la racine du problème, à savoir le réchauffement climatique qui « altère le cycle de l'eau planétaire ».
Carte sur les arrêtés de restriction de l'usage de l'eau au 12 juillet 2022 (cliquez sur votre département pour plus de précision et sur les flèches en haut pour voir l'évolution selon les semaines) :
Commenter cet article