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Deuxième plainte contre François Asselineau : «J’ai son corps sur moi. Ça dure une éternité»

Publié par Brujitafr sur 4 Juillet 2020, 05:29am

Catégories : #ACTUALITES, #POLITIQUE

Deuxième plainte contre François Asselineau : «J’ai son corps sur moi. Ça dure une éternité»
Un nouveau collaborateur du président de l'UPR a porté plainte pour «harcèlement moral au travail», «harcèlement sexuel» et «agression sexuelle».
Il avait déjà saisi le bureau national du parti à ce sujet en janvier 2019.

 

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire, le 15 mai, visant l’ancien candidat à la présidentielle François Asselineau, à la tête de la petite formation souverainiste UPR. Il est accusé par d’anciens collaborateurs de «harcèlement sexuel» et d'«agression sexuelle». 
 

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L’un d’eux, Mathieu (1), qui a travaillé entre septembre 2019 et mars 2020, en qualité à la fois d’attaché de presse et de chauffeur de François Asselineau, avait porté plainte contre l’homme politique quelques jours plus tôt, dans un commissariat de sa ville d’origine, dans l’Allier. Dossier transmis à Paris, où réside l’énarque qui a obtenu 0,9% des suffrages en 2017, les policiers de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) ont entendu depuis de nombreuses personnes, membres ou ex-membres de l’UPR, qui compte à date un peu plus de 14 000 adhérents (bien que le parti en revendique près de 39 000).
 
Les enquêteurs ont recueilli le 25 juin dans leurs locaux du 36 rue du Bastion, à Paris, le témoignage d’un autre ancien employé de la formation, William (1), qui a déposé plainte dans la foulée contre son ancien patron pour «harcèlement moral au travail», «harcèlement sexuel» et «agression sexuelle». Aujourd’hui âgé de 39 ans, William a eu plusieurs postes au sein du mouvement dirigé par Asselineau, entre son arrivée en octobre 2017 comme «coordonnateur de mission» bénévole, et fin février 2019, où il occupait le poste de directeur de cabinet, numéro 2 de l’UPR, avant d’être licencié pour faute grave. A l’issue de son audition, qui a duré cinq heures, William, qui aujourd’hui a retrouvé un poste de fonctionnaire administratif dans l’Education nationale, après «des mois de grande solitude», s’est dit «soulagé».
 
Aux policiers qui l’ont entendu, l’homme a raconté avec une précision parfois perturbante les mois de manipulations qu’il dit avoir endurés au contact de celui qui se présente comme le champion du «Frexit». Cette fois où, après avoir tenté en vain d’embrasser William dans un parc en Seine-et-Marne, et en prétextant un jeu, Asselineau l’a étranglé à deux mains, jusqu’à lui faire peur, avant de lui lancer : «On oublie tout ça.» Ce jour où le président de l’UPR a «coursé» William sur le boulevard périphérique, après une engueulade, et feint d’envoyer sa voiture contre la rambarde. D’autres faits, particulièrement glauques, et relatés à Libération, auraient conduit William à la fin de son contrat à «tout faire» pour se «faire virer». «Pour chantage, pour insultes… n’importe quoi. Je réclamais un salaire mirobolant. Une fois, j’ai menacé de tout casser au siège du parti, je n’en pouvais plus. J’ai explosé. C’était l’accumulation. Je voulais que tout s’arrête. Mais Asselineau me répondait, avec ce regard glacial : "Si tu n’es pas content, tu n’as qu’à démissionner." Et moi, je voulais partir, raconte William. Mais il me répétait aussi : "Je vais me flinguer. Si tu pars, si tu parles, je vais me flinguer."»
 
 
 
Témoignage pas pris au sérieux
 
L’adhérent a bien tenté à un moment d’alerter le bureau national de l’UPR. Mais l’instance n’a pas pris son témoignage au sérieux à l’époque. Elle s’est ravisée récemment, après la plainte de Mathieu. Avant cela, les déclarations de William figuraient au registre des épisodes à oublier, ayant, au mieux, provoqué un doute éphémère. Depuis, le «BN» a tenté de confronter François Asselineau aux accusations. Mais en retour, l’homme de 62 ans s’est réfugié derrière des explications juridiques alambiquées, tout en niant les faits dont il est accusé. Il parle de putsch et de manipulations à son encontre, inventés pour bloquer sa prétendue ascension politique. Asselineau, qui n’a pas donné suite aux sollicitations de Libé, a convoqué un congrès, prévu pour le 11 juillet, où il espère qu’un nouveau bureau national acquis à sa cause pourra être élu. Prenant les devants sur la publication de notre enquête, il a publié jeudi un communiqué dans lequel il «annonce démentir clairement les calomnies que constituent des accusations qui pourraient sortir dans la presse en pleine période électorale interne».
 
Fin janvier 2019, lorsque, en pleine campagne des européennes, William annonce au bureau national vouloir saisir la commission de discipline du parti «contre son adhérent numéro 1», pour des faits d'«agression sexuelle», l’instance panique. Composé «d’experts dans des commissions diverses, qui servent à apporter des éléments d’analyse, et d’adhérents ayant milité pendant des années», selon un représentant, le groupe ne se sent pas la stature pour traiter un sujet impliquant son dirigeant.
 
 
 
«On aurait dû prêter plus d’attention à ce sujet»
 
Dans des messages échangés à l’époque, que Libération a pu consulter, certains membres préfèrent par exemple rester «totalement focalisés sur les élections». Où l’UPR réalisera à la fin un score de 1,17%. Il ne faut «pas ergoter sur une situation qui nous échappe et faire courir le risque qu’elle soit exposée sur la place publique et déstabilise notre dynamique au moment où le pays nous appelle», écrit un responsable. Un autre considère pour sa part que «l’affaire – avérée ou pas, peu importe – relève strictement de la vie privée.» Autre réaction : «A vouloir mettre cette histoire sous le tapis, on sera tous bien embarrassés si [elle] sort durant la campagne. Comment pourriez-vous imaginer que certaines forces qui sont contre nous n’en auront pas vent ? Songez que même si les capacités de F.A. [le surnom en interne d’Asselineau, ndlr] sont hors normes et que son œuvre est héroïque, il a forcément des faiblesses.»
 
Dans ce contexte, la direction de l’UPR profite de la division interne du bureau pour tuer dans l’œuf toute tentative de rébellion : le secrétaire général de la formation, Benjamin Nart, qualifie la démarche de William d'«incontrôlée, fantaisiste et inappropriée». On sous-entend à l’instance que la direction est infiltrée par une «taupe», et rapidement l’attention de ses membres se focalise sur ce nouveau sujet. Auprès de plusieurs personnes, Asselineau remet en cause les facultés mentales de celui qui l’accuse. Dans un témoignage envoyé au bureau national, un militant raconte que, début février 2019, le président de l’UPR lui a expliqué «que William souffre de graves troubles psychiques et que ses accusations sont extravagantes». A d’autres, il a raconté que son directeur de cabinet était «cyclothymique» (un trouble de l’humeur), et à un vieil adhérent dont il a la confiance, que «c’est un cas psychiatrique. Son frère est schizophrène, il est schizophrène lui-même. Il m’accuse de harcèlement sexuel».
 
Puis, l’homme est écarté, il ne porte pas plainte. Fin de l’histoire. «Ça s’est réglé assez vite, on était en préparation de la campagne, avec d’un côté la parole de William, de l’autre l’avis des salariés du siège dont on n’avait pas de raison de douter, explique un cadre. On n’avait aucun précédent, pas de preuve, et François Asselineau est quelqu’un qui inspire confiance, qui a de l’autorité et du charisme. Chacun est retourné à sa vie. Les membres du BN sont des bénévoles qui ont aussi leur quotidien à gérer. On aurait dû prêter plus d’attention au sujet sur le moment.»
 
Mail particulièrement à charge
 
Ce responsable local oublie de préciser qu’à l’époque, la démission d’un membre du BN a marqué les esprits. Il a écrit à ses pairs : «J’ai été informé du grief voilà quelque temps et le caractère extrêmement troublant de cette affaire me semble n’avoir aucune issue positive.» William lui a raconté des événements qui ont abîmé à jamais l’image de celui à qui il imaginait jusque-là un destin de chef d’Etat. Cette nuit du 1er septembre 2018, où William aurait entendu François Asselineau en train de se masturber. Après une visite à la braderie de Lille, lui et François Asselineau et la comptable du parti étaient allés dormir dans un hôtel à côté de Maubeuge, où le «président-fondateur» devait donner le lendemain une conférence. Le thème : «Peut-on avoir encore confiance en la politique ?» Chacun avait sa chambre. «La mienne était collée à celle de François Asselineau, décrit William. Et quand je suis arrivé dedans, j’ai vu qu’il y avait une porte communiquant entre les deux. J’ai tout de suite regardé si elle était fermée à clé. C’était le cas. Plus tard, alors que j’essayais de m’endormir, j’ai entendu des voix bizarres venant de la pièce d’à côté. Asselineau avait des paroles très crues. J’ai compris qu’il était en pleine séance de téléphone rose. Je l’ai entendu gémir. Ce n’est pas grave de faire cela, chacun fait ce qu’il veut. Mais après cette fois, je n’ai plus voulu partir en déplacement avec lui.»
 
Il a également transmis ce mail, particulièrement à charge pour le président de l’UPR. Il s’agit d’une sorte de déclaration d’amour, perverse, oscillant entre culpabilisation malsaine et confession imprudente. Le courriel provient de l’adresse personnelle de François Asselineau. William explique l’avoir reçu quelques heures après que l’homme politique a essayé de l’embrasser contre son gré au château de Versailles.
 
Il est daté du 22 juillet 2018, à 1h08 du matin : «J’ai été extrêmement triste de la façon dont tu as sabordé la fin de la journée pourtant merveilleuse d’hier, peut-on y lire sous la plume du président de l’UPR*. Plus nous sommes heureux d’être ensemble et plus s’accroît la probabilité que tu bousilles tout. Comme si tu m’en voulais de te rendre heureux malgré toi. […] Dans la bagarre sur l’herbe du Grand Canal, tu as sans doute vu une sorte de réminiscence d’une scène de viol. Moi pas. Je suis revenu cinquante ans en arrière, lorsque j’avais 10 ans et que je me bagarrais avec mon grand frère. En fait, j’étais profondément amoureux de lui. Hier, sur la pelouse de Versailles, pendant quelques secondes, je t’ai serré dans mes bras avec une puissance qui t’a surpris. Cette puissance n’était pas musculaire mais psychique. Une espèce de champ magnétique prodigieux et intense. Il a fallu que tu décuples tes efforts pour desserrer cette étreinte et pour me rouer de coups, assez violents. […] Pendant ces quelques secondes où je t’ai serré contre moi si fort, je t’ai regardé droit dans les yeux. Ce fut comme un flash : la fusion, enfin, avec l’être aimé. Pendant ces quelques secondes d’éternité, j’étais au paradis. […] Ce combat de toute une vie, voilà ce qui explique l’être singulier et génial que je suis devenu. Je pense que tu es maintenant la personne qui me connaît le mieux au monde.»*
 
 
 
«Respect sans bornes»
 
William a rencontré François Asselineau le 5 septembre 2017, un mardi. «Je le sais, parce qu’il me l’a beaucoup répété.» Adhérent à l’UPR depuis moins de six mois, ce diplômé en maths, qui a milité un temps pour Jean-Pierre Chevènement et un instant chez Nicolas Dupont-Aignan, est repéré un soir d’août par l’inspecteur général des finances, alors qu’il commente la page Facebook de l’UPR. L’homme politique a accès au compte du réseau social. C’est d’ailleurs lui qui répond aux internautes. Pour faire une blague, William a proposé d’inviter à dîner «le président» et le futur 30 000e adhérent de sa formation. Asselineau le contacte dans la soirée. «Il m’écrit vers 23 heures : "Je suis François Asselineau, vous avez le temps de choisir le restaurant." Et comme j’ai du mal à le croire, il m’affiche mes informations personnelles d’adhésion, nom, téléphone… Il me rappelle plus tard, vers 1 heure du matin, en me disant : "Je voulais m’assurer que vous ne vous endormiez pas en pensant que je suis un menteur. C’est bien moi." Il me raccroche au nez. Je me dis : "C’est un homme d’Etat, c’est un truc qu’il doit faire souvent."» Les deux hommes dînent ensemble, effectivement le 5 septembre 2017, dans un restaurant japonais à Paris.
 
«Il me propose tout de suite des responsabilités : "Que savez-vous faire ?" Je suis nommé le 14 octobre coordonnateur de la mission immigration du parti.» Le temps passe, François Asselineau et William se voient régulièrement, dans des bars, à la Mosquée de Paris. A chaque fois, les discussions durent des heures. «Vous imaginez, pour moi, voir le président m’accorder autant de temps ? J’étais impressionné. Je lui vouais un respect sans bornes.» De fil en aiguille, ils deviennent amis. «S’il avait arrêté avec ses délires comme "Notre histoire, c’est pour toujours", ça aurait été bien. S’il n’avait pas passé son temps à me dire que j’étais un homosexuel refoulé, ça aurait été une belle amitié. Il me faisait de la peine, je le pardonnais à chaque fois. Si ça se trouve, je serais encore à l’UPR. Ensemble, on se marrait comme pas possible, comme des gamins.» Parfois, Asselineau enjoint William à couper les ponts avec sa famille, «comme on arrête la cigarette, en une fois». Il y a aussi ces menaces : «Tous ceux qui m’ont trahi sont morts.» «Au sujet de notre relation, il parlait de philosophie, de rapport affectif. Il me valorisait tout le temps. Il n’y a jamais rien eu en dessous de la ceinture, raconte William. Mais c’était un pervers. Je m’en suis rendu compte quand je suis sorti de ses griffes.»
 
 
 
«J’esssaye de m’en aller, je n’y arrive pas»
 
En janvier 2018, William devient chargé de mission auprès du président, d’abord bénévolement. Il s’occupe «des affaires sensibles, de gérer les agendas, un peu de tout, je réponds à des mails». Il sera embauché en septembre 2018, au même titre, mais avec cette fois un salaire d’un peu moins de 2 000 euros net par mois.
 
«Pour fêter ma disponibilité vis-à-vis de la fonction publique et mon futur contrat à l’UPR, Asselineau me propose d’aller visiter le château de Versailles. Il veut me raconter l’histoire des rois de France. "Après on ferait un pique-nique", dit-il. Je finis par accepter.» On est le 20 juillet 2018. «F.A. apporte de la vodka, du caviar, parce que je suis d’origine iranienne. Et moi des cerises.» L’employé et le président de l’UPR s’installent sur l’herbe, dans des prairies adjacentes au château. Les familles ont l’habitude de s’y rendre le week-end, voir les animaux paître, ou se reposer. «C’est plutôt sympa, raconte William. Pendant un certain temps. Après, Asselineau se remet à me reparler de ma sexualité, de façon de plus en plus explicite. Et il se rapproche, mais je suis sur mes gardes.» William raconte que l’ancien candidat à la présidentielle se met à sangloter : «Tu sais, je ne suis encore qu’un petit enfant.»
 
Il poursuit : «Après avoir séché ses larmes, Asselineau essaye de m’embrasser, je le repousse, et il recommence. Il me dit que je ne le repousse pas si fort que cela. Et je lui réponds : "Si tu ne veux pas que je te repousse plus fort, arrête." Il doit prendre cela pour une invitation, parce que la fois d’après, il s’écroule sur moi. Il m’écrase, vraiment. J’ai son corps sur moi. Ça dure une éternité. J’essaye de m’en aller, je bouge beaucoup, et je n’y arrive pas. J’essaye de me balancer. Asselineau maintient mes bras écartés au niveau de ma tête. Il est tout rouge. Il a beaucoup de force, une force surhumaine. Comme tétanisé, comme un fou. Il me regarde fixement. J’ai les jambes bloquées. Je ne peux pas partir. Il a un sourire narquois, un sourire de jouissance. Il me regarde fixement. Ça dure une éternité.» William finit par se dégager*.* «Je le frappe de toutes mes forces. On se relève, je le pousse, il tombe, il m’attrape la cheville, je lui dis : "Je me casse", il répond "Non, tu ne vas pas partir", je lui mets un coup de pied sur la main, j’arrive enfin à me défaire de lui. Et je m’enfuis.
 
Article rédigé par Tristan Berteloot
 
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François Asselineau accusé de harcèlement sexuel : «Je lui dis d’arrêter, mais ça le fait marrer»

 
Source: Libération
 

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