Face à la multiplication des cas, de nouvelles mesures ont été prises : plusieurs rassemblements, dont le semi-marathon de Paris, ont été annulés.
Au soir du samedi 29 février, la France a atteint les 100 cas de contamination au nouveau coronavirus Covid-19. Sur ses 100 personnes, 86 sont hospitalisées dont 9 dans un état grave, a fait savoir samedi le directeur général de la Santé Jérôme Salomon. L'importance du nouveau bilan « est lié à un important cluster (regroupement de cas) dans l'Oise », particulièrement touchée par le virus, selon Jérôme Salomon. « L'investigation des deux cas initiaux dans l'Oise a permis de détecter cet important cluster qui est désormais de 36 cas au total - donc plus 18 par rapport à hier - par des contacts professionnels et familiaux », a-t-il poursuivi.
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L'académie d'Amiens a annoncé la fermeture des écoles, collèges et lycées dans plusieurs communes du département de l'Oise (Creil, Montataire, Villers-Saint-Paul, Nogent-sur-Oise, Vaumoise, Crépy-en-Valois, Lamorlaye et Lagny-le-Sec), soit 102 établissements au total. Un peu plus tôt dans la journée, Emmanuel Macron a présidé un conseil de défense suivi d'un conseil des ministres exceptionnel pour faire le point sur l'épidémie. Dans la foulée, le gouvernement a annoncé plusieurs décisions. Sur l'ensemble du territoire, tous les rassemblements « de plus de 5 000 personnes en milieu confiné » vont être annulés, ainsi que certains événements en extérieur, comme le semi-marathon de Paris prévu dimanche, et le carnaval d'Annecy, qui devait se dérouler du 6 au 8 mars.
L'@ARS_HDF, le @Prefet60 et la rectrice @stephaniedamero confirment la fermeture à compter de lundi 2 mars de toutes les écoles, collèges et lycées de Creil, Montataire, Villers-Saint-Paul, Nogent-sur-Oise, Vaumoise, Crépy-en-Valois, Lamorlaye et Lagny-le-Sec. #coronavirus
Plusieurs évènements annulés
Ces mesures conduisent également à annuler la dernière journée du Salon de l'agriculture ainsi que le salon immobilier Mipim de Cannes. En revanche, le match Saint-Étienne-Lyon se tiendra bien. « Il n'y a pas lieu d'annuler les élections municipales « à ce stade » », a précisé Olivier Véran. « Ces mesures sont provisoires et nous serons sans doute amenés à les faire évoluer, ce sont des mesures contraignantes et nous souhaitons paradoxalement qu'elles durent un peu, parce que cela voudrait dire que nous parvenons à contenir la propagation du virus », a-t-il ajouté.
Des mesures encore plus strictes ont été prises pour les deux principaux foyers de propagation du virus en France, l'Oise et la commune de La Balme-de-Sillingy en Haute-Savoie. » Dans l'Oise et dans la commune de La Balme, tous les rassemblements seront interdits jusqu'à nouvel ordre », a indiqué Olivier Véran. Dans les cinq communes de l'Oise particulièrement touchées, Creil, Crépy-en-Valois, Vaumoise, Lamorlaye, Lagny-le-Sec, ainsi qu'à la Balme, « nous recommandons aux habitants de limiter leurs déplacements ». « Ils peuvent se déplacer pour se nourrir, pour faire leurs courses », mais ils doivent éviter les « déplacements inutiles » et doivent « si possible recourir au télétravail ».
Le bilan actuel en France est de deux morts (un enseignant français de 60 ans dont le décès a été annoncé mercredi et un touriste chinois de 80 ans). « En France, une nouvelle étape de l'épidémie est franchie et nous passons désormais au stade 2 [sur un total de 3, NDLR ] : le virus circule sur notre territoire et nous devons freiner sa diffusion », avait affirmé le ministre de la Santé Olivier Véran, lors d'une visite vendredi 28 février à Crépy-en-Valois (Oise), où enseignait le premier Français décédé des suites de l'infection.
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Les mesures pour les salariés et les entreprises
« Des mesures ont été immédiatement prises sur la base de Creil pour limiter les risques de transmission : annulation des activités collectives et suspension des déplacements professionnels depuis ou à destination de la base », a tweeté la ministre de la Défense Florence Parly. Outre l'Oise, il y a « six cas à Annecy » (contre quatre recensés jeudi), « six cas qui concernent des voyageurs qui rentraient d'un voyage organisé en Égypte » (contre deux recensés jeudi) et « deux cas à Montpellier », selon Olivier Véran. « Il reste douze cas en revanche isolés et en cours d'investigation », a-t-il poursuivi. Parmi ces cas, l'un a été détecté à Rouen, avait annoncé un peu plus tôt l'Agence régionale de santé (ARS) de Normandie.
Face à cette situation, le gouvernement français a annoncé de nouvelles mesures pour les entreprises et les salariés. Pour les entreprises, le coronavirus sera « considéré comme un cas de force majeure », a annoncé le ministre de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, après une réunion avec les partenaires sociaux au ministère du Travail. Il y aura des « possibilités de recours à l'activité partielle » et un « étalement des charges sociales et fiscales pour les entreprises qui en auront besoin ».
Les consignes de l'archevêque de Paris
Du côté de l'Église catholique, des mesures commencent à être prises. Hostie, bénitiers, calice : l'archevêque de Paris, Mgr Michel Aupetit, a envoyé aux prêtres des paroisses de la capitale des consignes. Ils doivent ainsi « proposer la communion uniquement dans les mains des fidèles et refuser de la donner dans la bouche ». Il leur est demandé de « ne pas proposer de communion au calice pour les fidèles ». Ils doivent aussi demander à leurs concélébrants, qui célèbrent la messe à leurs côtés, de « communier par intinction », c'est-à-dire de tremper l'hostie dans le vin plutôt que de boire au calice.
Aux fidèles, l'archevêque demande « de ne pas échanger de poignée de main en signe de paix pendant les messes ». De même, ils ne pourront plus tremper leurs doigts dans l'eau bénite pour faire le signe de croix à leur entrée dans l'église, Mgr Aupetit ayant donné la consigne de « vider les bénitiers ».
« Un prêtre du diocèse de Paris, rentré mi-février d'Italie, a été diagnostiqué positivement vendredi », indique de plus le diocèse de Paris dans un communiqué publié samedi. Ce prêtre résidait à Rome et a rejoint la France en traversant l'Italie en voiture. Cet homme de 43 ans a été pris en charge à l'hôpital Bichat à Paris et son état est jugé « très rassurant ».
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Trois soignants testés positifs à l'hôpital Tenon
Trois membres du personnel soignant de l'hôpital Tenon à Paris, où est hospitalisé un cas grave de nouveau coronavirus, ont été par ailleurs testés positifs, sans gravité, et une cinquantaine d'autres ont été évincés de l'établissement, qui a dû délester ses urgences. Au total, 56 soignants ayant été en contact avec ce patient ont été évincés de l'hôpital et placés en « quatorzaine » à leur domicile – où ils devront rester pendant 14 jours – contraignant l'hôpital à un « délestage » de ses urgences, a annoncé samedi le Dr Hélène Goulet, chef de service aux urgences.
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