L’ordination d’un nouveau prêtre a été l’occasion de célébrer le dialogue interreligieux très dynamique sur Villepinte.
« L’église vous met au défi, vous n’aurez pas un jour de tranquillité. » Par trois fois, Monseigneur Delannoy, évêque de Saint-Denis, a répété cet avertissement teinté d’ironie lors de l’ordination du prêtre Gaspard Ntakirutimana. « Il est temps encore de renoncer », a-t-il ajouté en lui assignant d’être un « serviteur de l’unité ».
La cérémonie s’est déroulée ce dimanche, une fois n’est pas coutume sous les voûtes de l’église Notre-Dame-de L’Assomption à Villepinte. C’est assez rare que l’ordination d’un prêtre en Seine-Saint-Denis soit célébrée non pas en la basilique de Saint-Denis mais dans l’église locale. Ce n’est pas un hasard. L’ordination de ce prêtre de 36 ans, né au Rwanda, a été placée sous le signe des religions chrétienne, juive, musulmane et bouddhiste.
« C’est à nous responsables religieux de montrer l’exemple »
Sur les bancs de l’église pleine à craquer avaient pris place le Cheikh Abdelmajid Nouar Tlemeçen, imam et un moine bouddhiste. Le rabbin David, représentant de la communauté juive de Villepinte, était lui resté sur le parvis de l’église. Depuis six ans, un dialogue interreligieux s’est noué d’abord entre les catholiques et les musulmans, rejoints par les juifs. « Cette initiative a pris un élan nouveau après l’assassinat du père Hamel », indique le cheikh. Le père Hamel avait été assassiné en juillet 2016 dans son église par deux djihadistes. En août chrétiens et musulmans de Villepinte avaient décidé d’organiser une marche pour la paix. Depuis les liens ne se sont jamais distendus. Le rabbin a rejoint le mouvement : « C’est à nous responsables religieux de montrer l’exemple ».
A l’issue de cette cérémonie chaleureuse et touchante, en présence de tous les prêtres de Seine-Saint-Denis et des parents du nouveau prêtre, venus tout spécialement du Rwanda, le père Gaspard a reçu des présents religieux des émissaires des trois cultes. « Je ne suis pas venu avec une bible, tu la connais déjà », a plaisanté le rabbin avant de souhaiter au nouveau venu « Mazel Tov (bonne chance en hébreu) dans tes nouvelles fonctions ».
Favoriser les rencontres interreligieuses
Le travail interreligieux se poursuit avec la création prochaine d’une coordination religieuse des villes (Civil) qui aura son siège à Villepinte. Les représentants des cultes qui viennent de fêter ensemble en mai l’Iftar marquant la fin du Ramadan avec la communauté musulmane, projettent de célébrer la fête juive Hanoukka en décembre. « L’objectif de ces rencontres est de permettre aux différentes communautés de se connaître, redonner un second souffle au pacte républicain à un moment où le « vivre ensemble » semble dans notre société de plus en plus se fragiliser », expliquent-ils.
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