Plutôt que de se rendre à la cérémonie de rupture du ramadan organisée par le Conseil français du culte musulman, Christophe Castaner a préféré participer à un dîner à Strasbourg. Mais, révèle la chercheur Sophie de Peyret, il y était convié par Abdelhaq Nabawi, qui fut un temps proche des Frères musulmans.
Décryptage.
L'improbable destin de Christophe Castaner - MOINS de BIENS PLUS de LIENS
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À quelques semaines du renouvellement de sa présidence, le Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) fait de nouveau parler de lui. À défaut d’annonces concrètes ou d’avancées notables à dévoiler sur les chantiers en cours, ses représentants ont choisi de s’émouvoir de tout autre chose.
Comme tous les ans, le CFCM organisait le 28 mai dernier son dîner d’iftar pour fêter la rupture du jeûne du Ramadan et, comme tous les ans, de nombreux représentants de l’État étaient invités à partager ce repas. Pourtant, cette fois-ci, aucun membre du ministère de l’Intérieur n’était présent: Christophe Castaner, ainsi que son secrétaire d’État, ont décliné l’invitation. Ce refus a suscité une incompréhension confinant à l’agacement ou à l’indignation, comme en témoigne le communiqué du CFCM qui dénonce une «absence inexpliquée et injustifiée des représentants de l’État» et «un traitement discriminatoire» justifiant sa «profonde déception».
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Il ne s’agit pourtant pas de discrimination à l’égard des musulmans puisque le ministre a indiqué qu’il participerait à un autre dîner de rupture du jeûne le lendemain, à Strasbourg, sous l’égide d’Abdelhaq Nabawi, le responsable de l’antenne régionale.
Cet échange pourrait passer pour une querelle d’écoliers («tu n’as pas voulu venir à ma fête, tu n’es plus mon ami»...) mais il semblerait qu’il offre surtout un éclairage intéressant sur la stratégie et les orientations du gouvernement.
Il apparaît tout d’abord que le CFCM, cette instance nationale qui avait pour vocation de fédérer, représenter et organiser le culte musulman, n’est plus l’interlocuteur exclusif des pouvoirs publics. L’inertie de la structure, créée de toutes pièces par l’exécutif en 2003, apparait de plus en plus flagrante et cet immobilisme a eu raison de son monopole: le CFCM n’est plus incontournable. La modification de ses statuts en avril 2019 avait bien suscité quelques espoirs de régénération mais la réforme en profondeur n’a pas survécu aux dissensions internes. Les annonces n’ont pas été à la hauteur des enjeux et des attentes. En lui préférant une structure locale, le politique signifie qu’un pas supplémentaire a été franchi dans le chemin vers sa disgrâce. Pour qui aurait encore des doutes, le ministre n’a d’ailleurs pas manqué d’indiquer que «l’islam en France […] se construit partout (en France) et pas uniquement à Paris.»
D’autre part, en accordant les honneurs de sa présence à l’iftar alsacien, le gouvernement adresse un évident message de soutien au maître de cérémonie, Abdelhaq Nabawi, dont le parcours n’est pas anodin. Issu du creuset des Frères Musulmans, il a été délégué régional de l’UOIF (Fédération affiliée aux Frères Musulmans, renommée «Musulmans de France» depuis 2017) pour le Grand Est jusqu’en 2005. Il est ensuite nommé aumônier musulman national des hôpitaux, aumônier aux armées et président du Conseil Régional du Culte Musulman d’Alsace avant de s’impliquer dans la création de l’École Nationale de l’Aumônerie Hospitalière musulmane de France qui voit le jour en 2018. Démis de ses fonctions d’aumônier national des hôpitaux en février 2019, il est en litige public avec le CFCM dont il a dénoncé les irrégularités de la procédure nationale.
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