Après l'annonce du retrait des troupes américaines de Syrie, la Turquie a fait savoir que la France ne devait pas rester pour «protéger» les YPG, considérés par Ankara comme terroristes alors que se joue l'avenir du peuple kurde dans la région.
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La Turquie ne souhaite pas que la France reste militairement engagée en Syrie si elle compte continuer à soutenir les Unités de protection du peuple (YPG), une organisation para-militaire kurde qui participe à la lutte contre les djihadistes de Daesh.
«Nous n'avons pas d'information sur l'envoi de nouveaux soldats [français en Syrie] mais ils maintiennent leur présence actuelle, s'ils restent pour contribuer à l'avenir de la Syrie, alors merci. Mais s'ils restent pour protéger les YPG, cela ne sera bénéfique pour personne», a ainsi fait savoir le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, lors d'une rencontre avec des journalistes turcs le 25 décembre.
«Ce n'est un secret pour personne que la France soutient les YPG. Macron a rencontré leurs représentants», a poursuivi le ministre turc. Les YPG – qui dominent la coalition arabo-kurde alliée aux Occidentaux en Syrie – sont considérés comme des terroristes par Ankara en raison de leurs liens avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), opposé à la politique turque envers le peuple kurde.
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Le retrait annoncé par Donald Trump des quelque 2 000 militaires américains de Syrie a été reçu positivement par la Turquie, une réaction contrastant avec celles des chancelleries occidentales. Le président français, Emmanuel Macron, a par exemple affirmé le 23 décembre «regretter profondément» la décision américaine, estimant qu'un allié se devait «d'être fiable».
Une offensive anti-Kurdes imminente ?
Si la France a déployé, sans s'en cacher, son artillerie et son aviation en Syrie, des éléments des forces spéciales pourraient également être présents au sol, même si Paris n'a jamais confirmé ces informations.
Qu'adviendra-t-il désormais des forces kurdes, qui luttent depuis plusieurs années contre les terroristes islamistes de Daesh ?
Le retrait du principal allié des YPG en Syrie, les Etats-Unis, pourrait laisser la voie libre à la Turquie, qui a acheminé le 24 décembre de nouveaux renforts militaires à sa frontière avec la Syrie, en préparation d'une offensive, bien que Recep Tayyip Erdogan ait décidé d'y surseoir dans l'immédiat.
Nous avons la force nécessaire pour neutraliser [Daesh] seuls
Dans le détail, des unités militaires, des obusiers et des batteries d'artillerie ont été acheminés en convoi vers le district d'Elbeyli, dans la province turque de Kilis, qui jouxte la frontière syrienne, selon l'agence de presse publique turque Anadolu.
L'envoi de renforts avait commencé le week-end du 22 décembre avec l'arrivée d'une centaine de véhicules militaires turcs dans la région d'al-Bab, contrôlée par des forces pro-turques dans le Nord de la Syrie, d'après le quotidien turc Hürriyet.
Donald Trump invité en visite officielle
en Turquie en 2019
Donald Trump a confié pour mission à son homologue turc, après un entretien téléphonique, d'«éradiquer» Daesh, estimant que le groupe djihadiste était déjà «en grande partie vaincu». «Nous avons la force nécessaire pour neutraliser [Daesh] seuls», a assuré le 25 décembre le ministre turc des Affaires étrangères.
Signe du réchauffement spectaculaire des relations entre les deux pays membres de l'OTAN après plusieurs mois de tensions, alimentées notamment par le soutien de Washington aux YPG et la question du pasteur américain Andrew Brunson arrêté en Turquie puis finalement remis en liberté, Recep Tayyip Erdogan a invité Donald Trump à effectuer une visite en Turquie en 2019, selon des responsables américains et turcs.
Une délégation américaine est attendue à Ankara dès la semaine du 24 décembre pour discuter «des moyens de coordonner» le retrait américain. Une délégation turque se rendra également dans les prochains jours en Russie, autre acteur clef en Syrie, pour des discussions axées sur le retrait américain, selon la présidence turque. Recep Tayyip Erdogan a en outre fait savoir qu'il envisageait d'en discuter en personne avec son homologue russe, Vladimir Poutine.
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