« Mon lapin », « Je viens avec une perruque rose et un string En Marche !, t’as intérêt à être bon » : les drôles de SMS entre Macron et son copain banquier
Le président de la République Emmanuel Macron et le patron de Bank of America France Bernard Mourad sont amis depuis de nombreuses années. Le banquier a eu un grand rôle dans la carrière du chef de l'Etat.
C’est une relation du passé. Un ami du temps où « Manu » était encore banquier. Bernard Mourad, 43 ans, nouveau patron de Bank of America en France, est l’un des plus fidèles compagnons de route d’Emmanuel Macron. Pour ne pas dire l’un des plus anciens et atypiques.
Un statut qui lui permet (toujours) de dire la vérité au président de la République. Qu’elle soit « cash », voire même « insultante ». Bernard est libre car il n’a pas souhaité faire partie intégrante de la Macronie. Bernard connait le Tout-Paris, des financiers aux journalistes en passant par les grandes fortunes. Bernard est aussi politique et politisé, dévoué durant la campagne à son ami d'En Marche !. Il a donc des idées très arrêtées et les partage, bombardant de SMS – sur messagerie sécurisée – le chef de l’Etat. Les sujets sont divers : business, politique intérieure ou visites à l’étranger. Les accroches sont familières, avec mots tendres à la clé : « mon lapin », « forza », « ma poule », « love u »…
Entre les deux hommes, comme le révèle Vanity Fair, tout commence en 2008. A l’époque où Emmanuel Macron n’est pas encore en politique, mais déjà amoureux de Brigitte. En ce temps-là, le futur président de la République réalise ses premières prouesses dans le cabinet Morgan Stanley.
De son côté, Bernard est déjà un banquier confirmé qui va conseiller à Emmanuel Macron d’intégrer la banque Rothschild. Il l’écoute et fonce vers son nouveau destin. Les deux hommes sont alors liés. Ils se retrouvent souvent, pour déjeuner ou pour discuter. Ils s’imaginent déjà ailleurs, preuve que parfois l’argent ne fait pas le bonheur. Emmanuel se met à rêver de politique.
Pourquoi ne pas faire partie intégrante du destin français ? Il commence ainsi à œuvrer pour Hollande, Bernard en rit d’abord. Il le suit ensuite. Quand Macron entre à l’Elysée, Mourad est déjà là. Il conseille le Secrétaire général adjoint. Il fera de même avec le ministre de l’Economie. Avant de propulser son ami vers la campagne présidentielle !
C’est entre autre lui qui monte un rendez-vous entre Macron et Christophe Barbier, avec objectif une couv’ et ce titre : « Ce que je veux pour 2017 ». L’ami de toujours devient un soutien sans faille vers sa fulgurante ascension. Il quitte Drahi, rejoint En Marche ! et devient son conseiller. Il organise des dîners avec de riches donateurs, sonde les milieux d’entreprise, monte un programme, rencontre les patrons… Un travail de l’ombre qui paye.
Vient alors le temps des meetings, Bernard est confiant. Les SMS sont là pour encourager son poulain. Le magazine Vanity Fair dévoile celui-ci : « Je viens avec une perruque rose et un string En Marche !, t’as intérêt à être bon ». Macron promet ainsi de « balancer la sauce ».
Puis arrive l’époque des premières embuches quand le candidat qualifie en Algérie la colonisation « comme un crime contre l’humanité ». Une nouvelle fois, Bernard Mourad est là. Il le conseille, il l’oriente. Et Macron acquiesce. Une fois le débat avec Marine Le Pen passé, la victoire est à portée de mains. Le banquier est fier de son ami. Que de chemin parcouru. Ensemble.
Après son arrivée à l’Elysée, Mourad et Macron continuent à échanger. Le banquier l’encourage : « Bravo ma poule ! » ou encore « Forza, il faut tenir la cohérence de l’histoire promise ». Le nouveau résident de l’Elysée cherche encore des conseils. Mais les mois défilent et Bernard s’agace. Il ne reconnait plus son ami de l’époque Rotschild. Entre la suppression de l’ISF ou la gestion calamiteuse de l’affaire Benalla, la coupe est pleine. Il lui demande de se réveiller vite. Alors si le banquier se permet de donner toujours son avis et de dire ce qu’il pense avec une franchise bien souvent déroutante, encore faudrait-il que le président l’écoute.
Par Anthony Verdot-Belaval
Source: Gala
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