Le « cancer » de l’assistanat : origine d’un préjugé
Quelque 71 % des Français estiment que la lutte contre l’« assistanat » est une priorité. Comment cette peur du « profiteur » a-t-elle envahi l’esprit des politiques et des citoyens ?
Le " cancer " de l'assistanat : origine d'un préjugé
Quelque 71 % des Français estiment que la lutte contre l'" assistanat " est une priorité. Comment cette peur du " profiteur " a-t-elle envahi l'esprit des politiques et des citoyens ? Deux petite...
http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/10/26/les-procureurs-de-l-assistanat_5206354_3232.html
La course aux denrées alimentaires quasi périmées dans les supermarchés.
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Au Super U de Châteauneuf, on donne tout de suite le ton: les produits bradés le sont au nom de l’anti-gaspillage. Photo Majid Bouzzit
Conséquence de la loi anti-gaspi votée l’an dernier, les ventes de produits alimentaires très proches de la date de péremption font le bonheur du consommateur charentais. Mais pas des organismes de collecte.
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Des palets Orloff à deux euros au lieu de quatre. Fanny a flairé la bonne affaire. LA promo parmi les dizaines d’autres étalées devant le rayon «viandes». Chaque semaine, cette habitante de Gond-Pontouvre vient ici, à l’hypermarché Leclerc de Lunesse à Angoulême, traquer les petites pastilles jaunes qui cassent les prix comme jamais.
«Parce qu’il n’y a pas de petites économies et que ça reste de très bons produits» , la jeune mère de famille glisse sans scrupule fromages, yaourts et pièces de viande à -50% dans son chariot. Le deal: les avaler le lendemain, voire le soir même au plus tard quand on a d’habitude au moins cinq jours pour cela.
L’appli anti-gaspi à la peine
Seule Charentaise répertoriée sur Too good to go, l’appli anti-gaspi, la propriétaire du gîte-chambre d’hôtes Mondo Bisaro, rue Saint-Roch à Angoulême, s’était lancée dans l’aventure en début d’année pour ne plus jeter les viennoiseries du petit-déjeuner qui lui restaient sur les bras. «Cela partait d’un bon sentiment. Mais ça n’a pas fonctionné à Angoulême, raconte-t-elle après avoir jeté l’éponge en juin. Je vendais les paniers 2,50 €, mais le principe attirait très peu de gens. Cela me rapportait à peine 15 € par mois. Je pense qu’il y a une très mauvaise information véhiculée au départ sur les restes alimentaires, les produits proches de la DLC. Les habitudes ancrées chez les consommateurs sont difficiles à faire évoluer, regrette la commerçante. Chez les professionnels aussi. Pourtant Too good to go nous proposait l’inscription gratuite pour se développer à Angoulême!»
C’est le principe de ces ventes tout près de la date limite de consommation (DLC). Ces réductions de la dernière heure qui fleurissent, en tête de gondole souvent, dans les magasins charentais depuis un an. Depuis, en fait, la fameuse loi Garot visant à lutter contre le gaspillage alimentaire et promettant de mettre à l’amende (jusqu’à 2 750 euros) les enseignes de plus de 400 mètres carrés qui jettent plus volontiers qu’elles ne donnent.
Hypers, supers, et même l’épicerie du coin, tout le monde - ou presque - s’y est mis. Plus par phénomène de mode que par crainte d’une prune somme toute dérisoire au regard des volumes d’affaires et des recettes des géants de la grande distribution. Comme s’il fallait non plus seulement faire savoir que les grandes et moyennes surfaces sont capables de revaloriser leurs denrées alimentaires en bout de course, mais aussi et surtout le montrer sans équivoque dès l’entrée du magasin.
«Ces produits autrefois vraiment à la marge et noyés dans un rayon sont tout de suite identifiables», constate Jean-Luc Girault, président de l’UFC Que Choisir en Charente. Ils sont même de plus en plus valorisés, à un point tel que «les étiquettes à -50% sautent aux yeux un peu partout» .
Au Super U de Châteauneuf, le directeur, Stéphane Cabrolier, brandit tout net le leitmotiv: s’il a fait poser ce bac aux très bonnes affaires tout près des fruits et légumes et des œufs, c’est «d’abord, pour jeter le moins possible» . D’ailleurs chez lui, la politique anti-gaspi s’écrit en grosses lettres dans une pastille orange au-dessus des produits bradés. «Entre une trentaine et une quarantaine, renouvelés au quotidien dès 8h30, et avec des DLC dans deux ou trois jours», décrit le responsable du magasin. «En général, à midi, presque tout est parti» parmi ces promos à -30, -40 ou -50%.
Derrière le combat anti-ordures superflues, c’est ici et ailleurs une politique marketing qui porte ses fruits. Et fidélise le consommateur, comme à l’épicerie de Crouin à Cognac où le premier réflexe du client est d’aller fouiner dans la petite caisse «DLC» qui promet «tout à 1 euro» (lire par ailleurs).
Il n’y a pratiquement pas de marge derrière des réductions à 30 ou 40%. Pour Stéphane Cabrolier, tout ceci est davantage approche d’image que d’économie. Mais il revendique également un volet social. «Ce système permet aussi à des familles moins aisées que d’autres de remplir leur frigo.» Même si, évidemment, toutes les couches de la société peuvent se servir dans le stand ultra-bradé.
C’est la grosse différence avec les épiceries sociales et autres structures caritatives, réservées aux publics les plus défavorisés. Elles, justement, s’estiment les dindons de la farce de la nouvelle politique de la grande distribution, quoique celle-ci revendique toujours en Charente des dons à foison, comme chez Auchan à La Couronne (400 kilos chaque jour).
«C’est l’effet pervers de la loi Garot , déplore Jean-Jacques Poupot, président de la Banque alimentaire de Charente qui récupère chaque année 1 150 tonnes d’invendus et les cède, 34 centimes le kilo, à 46 associations du département. Maintenant, les grandes surfaces préfèrent vendre ce que jusque-là elles donnaient. Aujourd’hui, les produits laitiers que nous ramassons ont pour la plupart au mieux des DLC à J-1, au pire à J.»
Ce n’est pas une règle absolue, mais la proportion aurait «sensiblement augmenté» en à peine quelques mois. «Le problème, c’est que derrière, nous avons moins à distribuer parce que moins de temps avant la péremption. Nous aussi, nous sommes tenus à proposer un produit dans les clous», enchérit Michel Lebreton, président départemental des Restos du cœur.
C’est bêtement mathématique: «Avant, avec des produits ramassés à J-2, on avait plus de visibilité. Aujourd’hui, c’est devenu compliqué de faire coller les DLC à celles de nos distributions. Comme on ne ramasse que ce que nous pouvons distribuer, on collecte bien moins.» Et pour Michel Lebreton, le constat est carrément «inquiétant dans certains secteurs, comme Ruffec ou Jarnac, où le nombre de produits ramassés donc redistribués a chuté de 30 à 40% en un an».
Un problème éthique par ricochet qui n’échappe pas à Jean-Claude Caraire, animateur du groupe de prévention contre les déchets alimentaires de Charente Nature. «En termes d’image, la grande distribution s’en tire bien et nous ferait presque oublier que le système n’est pas si vertueux qu’il n’y paraît. À la base, sur le fond du problème, elle porte en elle de gros gisements de gaspillage: sa politique marketing qui pousse à l’achat impulsif et compulsif.»
À l’épicerie de Cognac, la petite caisse aux bonnes affaires est très attendue
Elle a pris l’habitude de jeter un œil dans la caisse noire, au rayon frais de la petite épicerie du quartier de Crouin à Cognac. Celle où, chaque jour, des produits arrivés à la date limite de consommation sont vendus à 1 euro. Opposée «aux grandes surfaces et au gaspillage», Stéphanie Gyde est une cliente fidèle ici. «Dans les grands magasins, estime-t-elle, ils feraient pas mal de donner ces produits aux SDF, aux associations ou à leurs employés plutôt que de les vendre jusqu’au dernier moment aux clients.» Dans une épicerie, c’est différent, selon elle. «Ici, quand il y a des invendus en fin de journée, il arrive même que les produits soient donnés à des gens du quartier», se réjouit-elle. Évelyne Mandin, la gérante, confirme: «Je n’ai pas assez de quantités pour donner à une association. Je préfère en faire profiter ma clientèle.» Chaque matin, elle remplit sa caisse noire de produits arrivés à leur DLC: yaourts, charcuterie, pâtés..., viennoiseries industrielles également. «Je fais en moyenne 70% de réduction», indique la patronne qui n’hésite pas à faire un geste commercial, aussi, au rayon fruits et légumes. «Tout à l’heure, j’ai vendu un kilo de bananes à une cliente pour 1 euro.» Au lieu de 2,50 euros comme c’est affiché. «Il m’arrive aussi d’en donner aux gens qui ont des animaux. Ça fait plaisir aux clients, mais c’est aussi dans notre intérêt. Si ce n’est pas vendu, ça part à la poubelle et je n’aime pas le gaspillage.» Sa caisse noire intéresse aujourd’hui tous les clients. Certains l’attendent même chaque matin. «Dans une supérette comme celle-ci, il y a un vrai contact avec les gens. Ils se confient facilement. On sait ce dont ils ont besoin.» Le rôle social des commerces de proximité.
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