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Italie : quatre questions sur le référendum d’autonomie dimanche en Lombardie et Vénétie

Publié par Brujitafr sur 22 Octobre 2017, 08:14am

Catégories : #ACTUALITES, #EUROPE

Une manifestation de la Ligue du Nord en octobre 2014 à Milan. AFP PHOTO / MARCO BERTORELLO

Une manifestation de la Ligue du Nord en octobre 2014 à Milan. AFP PHOTO / MARCO BERTORELLO

Autorisé par la constitution italienne, ce scrutin consultatif prend une teinte particulière après le vote d’autodétermination de la Catalogne.

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Les dirigeants de la Ligue du Nord le martèlent. Non, le référendum qu’ils organisent dimanche en Lombardie et Vénétie n’a rien à voir avec la consultation catalane du 1er octobre, et l’escalade politique qui s’en est suivie avec Madrid.

Les habitants de l’Italie du nord sont invités à dire «oui» ou «non» à «des formes supplémentaires et conditions particulières d’autonomie» pour leurs deux régions. Explications.

Quels sont les enjeux ?

En cas de victoire du oui, Roberto Maroni et Luca Zaia, les deux présidents de région de la formation d’extrême droite, entendent réclamer à Rome davantage de compétences dans les infrastructures, la santé ou encore l’éducation. Mais aussi des pouvoirs réservés à l’Etat, en matière de sécurité et d’immigration, thèmes chers à la Ligue du Nord mais qui nécessiteraient une modification de la constitution.

Leur objectif est aussi d’obtenir davantage de ressources, en récupérant environ la moitié du solde fiscal actuel, c’est-à-dire la différence entre ce que les habitants versent comme taxes et impôts et reçoivent en dépenses publiques. Celui-ci s’élève à 54 milliards d'euros pour la Lombardie et 15,5 milliards pour la Vénétie (contre huit milliards pour la Catalogne).

Pour Maroni et Zaia, leurs régions «vertueuses» doivent en effet être récompensées. La Vénétie (5 millions d’habitants) et la Lombardie (10 millions) figurent parmi les régions les plus riches d’Italie et contribuent à elles seules à 30 % du PIB. En outre, le taux d’endettement et le «coût pour l’Etat» de chaque habitant sont en-dessous de la moyenne nationale.

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Quels points communs et différences avec la Catalogne ?

Premièrement, contrairement à la Catalogne, ce référendum s’inscrit dans le cadre de la constitution. Il est tout à fait légal «pour le Parlement d’attribuer des formes d’autonomie à des régions qui en font la demande», explique Nicolas Lupo, professeur de droit constitutionnel à l’université Luiss de Rome.

Dans un entretien à La Stampa donné deux jours après le référendum catalan, Matteo Salvini, le secrétaire fédéral de la Ligue du Nord, a certes déploré l’attitude répressive de Madrid mais aussi souligné que le référendum indépendantiste était un passage en force. Pour le dirigeant vénitien Luca Zaia, tout parallèle avec la Catalogne est une tentative «fourbe» de décourager le vote en faveur du oui. «Les similarités avec la Catalogne sont minimes, le sentiment indépendantiste n’est pas très diffusé», confirme M. Lupo.

En revanche, comme en Catalogne, le oui risque de l’emporter largement, au vu des récents sondages. «Ceux qui feront la démarche d’aller voter le feront vraisemblablement pour voter oui, d’autant que la question posée est relativement consensuelle», note M. Lupo.

Le véritable enjeu réside dans la participation. En Vénétie, elle doit dépasser les 50 % pour que le scrutin soit valide. Et même en Lombardie, où il n’y a pas de quorum, «si la participation est inférieure à 40 %, la question va probablement être reléguée au rang de petit hoquet dans les livres d’histoire», selon Lorenzo Codogno, expert chez LC Macro Advisors.

C’est quoi La Padanie, ce territoire rêvé par les indépendantistes ?

Pas question pour la Ligue du Nord de créer la confusion et de semer la crainte sécessioniste. «Il n’y a plus de nostalgie pour la Padanie», a assuré le chef léguiste Matteo Salvini dans la Stampa. Derrière cette dénomination désignant une partie du nord de l’Italie, une notion géographique qui rappelle les velléités indépendantistes des jeunes années de la Ligue du Nord (1996-2000), emmené par son ancien leadeur charismatique, Umberto Bossi.

La Padanie est un espace aux contours flous, autour de la plaine du Pô. Impossible de dater précisément sa création, mais le concept a été récupéré politiquement par la Ligue du Nord à sa création en 1989.

 

 

«La Lega Nord est le seul mouvement ethno-nationaliste européen à se référer à un espace qui n’a jamais existé dans l’histoire», souligne l’historien Nicolas Lebourg, dans une note pour la Fondation Jean Jaurès. Ni langue padane, ni spécificité religieuse, la Padanie s’est construite dans l’opposition avec le Sud. Elle invoque des ancêtres chez les Celtes - une croix celtique est visible sur son drapeau- et fait remonter ses racines culturelles au Moyen Âge. Bien loin, en définitive, des Romains et de la Renaissance. Ses partisans se comparent d’ailleurs souvent aux Sioux, ce peuple autochtone qui s’est vu voler ses terres et dont le mode de vie a été piétiné au XIXe siècle aux Etats-Unis.

Actuellement, la Padanie a une visibilité dans des domaines très divers. Parmi ses instruments d’influence : une équipe de football - vainqueur de la Coupe d’Europe des territoires, minorités et nations non-affiliés à l’UEFA en juin 2017 -, une chaîne de télévision, une chaîne de radio, un journal, un concours de beauté, une école privée et même une agence de voyage… qui organise des visites au festival interceltique de Lorient.

 

 

Est-ce un premier pas vers une sécession ?

Le président de la région de Lombardie, Roberto Maroni, n’a cessé de répéter que le référendum se déroulait «dans le cadre de l’unité nationale». L’objectif ? «Réformer les rapports entre le gouvernement central et les gouvernements régionaux», avec le rêve d’une «Europe des régions».

Depuis 2012 et l’accession à la tête de la Ligue du Nord de Matteo Salvini en remplacement d’Umberto Bossi, il est moins question pour le mouvement de s’en prendre à «Rome la voleuse» et d’invoquer l’indépendance d’un Etat mythique. La nouvelle direction a en effet pris un virage anti-euro et anti-immigration, sur le modèle du Front national français, afin de remporter des batailles électorales jusqu’au sud du pays. Si elle peine à convaincre plus bas, la nouvelle stratégie a le mérite de relancer le parti. La Ligue est remontée de 4 % des voix aux élections législatives de 2013, à 13 % aux régionales deux ans plus tard.

Pour les vrais indépendantistes, ce référendum est vu comme un galop d’essai. «Il nous permettra de nous rassembler en tant que Vénitiens, explique Alessio Morosin, fondateur de Indipendenza Veneta. Mais nous savons bien qu’il ne permettra pas d’atteindre les objectifs espérés, tant pour des raisons politiques que budgétaires, car l’Etat a une dette de plus de 2300 milliards.». Une fois l’échec constaté, les Vénitiens devront «faire un choix plus radical» face à un Etat qui les «saigne», estime-t-il.

Un parcours «compliqué» car s’il y a «un sentiment, il n’est pas encore robuste», croit déceler M. Morosin, tout en se disant «optimiste» de voir ce projet aboutir à long terme.

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