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Pierre Moscovici au chevet de "l'assurance chômage européenne" : ce nouveau rêve bureaucrate aveugle aux disparités européennes
Une conférence est organisée ce lundi à Bruxelles afin de réfléchir à la mise en place d'une assurance-chômage européenne. Une idée qui remonte aux années 1990 et qui paraît très difficile à mettre en oeuvre tant les disparités d'un Etat à l'autre sont importantes.
Atlantico : Ce lundi, Pierre Moscovici, commissaire européen aux affaires économiques et financières et à la fiscalité, assiste à une conférence organisée par la présidence slovaque du Conseil européen, la Commission européenne et le CEPS (Center for European Policy Studies), afin de réfléchir à la mise en place d'un système européen d'assurance-chômage. Doit-on considérer cela comme une idée visant à relancer le projet européen après le coup de tonnerre provoqué par le Brexit ?
Bertrand Martinot : Je ne pense pas que ce genre d’idée ferait beaucoup pour éviter de nouveaux exit… !
Le problème de la construction européenne est qu’elle n’apporte pas ce qu’on serait en droit d’en attendre et multiplie les interventions dans lesquelles le principe de subsidiarité devrait jouer à plein : plutôt que d’instaurer des limites sur la puissance des aspirateurs domestiques ou se prononcer sur la construction d’un aéroport à Notre-Dame des Landes, on pourrait en attendre par exemple une protection des frontières efficace ou encore une politique de sécurité extérieure. Dans le domaine économique, on pourrait se concentrer sur des politiques communes de l’innovation, de la recherche, de l’enseignement supérieur, bref des domaines où des externalités sont économiquement prouvées.
Donc, franchement, la création d’un mécanisme d’assurance chômage européen ne me paraît pas figurer parmi les thèmes prioritaires pour relancer l’Europe en général.
Comment fonctionnerait cette assurance-chômage européenne ? Quels bénéfices les Européens pourraient-ils en tirer ?
L’idée est ancienne. Des économistes aussi pertinents que Drèze ou Wyplosz l’ont portée dans les années 1990. Il s’agit de mettre en commun une partie au moins de nos systèmes d’assurance chômage, autrement dit d’en "fédéraliser" tout ou partie. L’intérêt principal est que les pays où le chômage est faible, donc l’assurance chômage excédentaire, transfèrent mécaniquement des recettes pour financer les systèmes d’assurance chômage des pays où le chômage est élevé donc le régime déficitaire. Il s’agirait d’un mécanisme de "stabilisateur automatique" de la conjoncture.
Cela répondrait en partie à l’une des principales critiques de la zone euro : la politique monétaire peut offrir une réponse adaptée aux chocs économiques dits symétriques (ie qui frappent les différents Etats membres à peu près de la même manière), mais pas aux chocs asymétriques (qui sont beaucoup plus fréquent que ce que pensaient les fondateurs de l’euro). Dans ce second cas, les Etats ne peuvent compter que sur leurs politiques budgétaires nationales (politique expansive en période de ralentissement et, au contraire politique restrictive en période de surchauffe) pour stabiliser la conjoncture. Or, en pratique, on a vu que l’ajustement par la coordination des politiques budgétaires nationales était un échec : l’Europe, et singulièrement la zone euro, est déchirée entre les partisans de la rigueur (ou de l’austérité) et ceux qui pensent qu’il faut creuser davantage les déficits. Le tout dans un contexte où les limites du pacte de stabilité, consubstantiel à l’euro, sont dépassées depuis les années 2003-2004 dans certains grands pays, dont la France.
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