Nous en sommes arrivés à un point charnière, une apogée des mouvements de contestation de cette Loi travail que veut nous imposer à tout prix Bruxelles par le biais des marionnettes néo-libérales au pouvoir. Cette nouvelle étape culminante de la grogne populaire pourrait être selon certains le résultat d'un plan soigneusement étudié, mais de nombreux signes attestent cependant du contraire.
A commencer par la non anticipation des blocages des dépôts pétroliers et autres centre nerveux de l'économie, aux récentes et pitoyables tentatives de communication, ou plutôt de propagande, mettant en cause l'abominable syndicat de la CGT qui « prend en otage les français », soit disant dans le seul intérêt de soigner sa cote de popularité... Non, sérieux les gars, c'est vraiment insulter l'intelligence de tous les salariés syndiqués que de sous entendre qu'aucun d'entre-eux n'est doté d'intelligence ni de libre arbitre !
Ce moment charnière que nous avons atteint et qui se définit par ce soudain début de convergence des luttes est pourtant logique à bien y regarder. Augmentation des manifestations mais aussi des répressions usant souvent de violences abusives, alors que dans le même temps certains médias révèlent au grand jour des méfaits scandaleux de cet état voyou se voulant moralisateur et démocratique, mais qui n'hésite pas à utiliser pour la quatrième fois depuis le début de son mandat une loi antidémocratique pour nous imposer sa vision du travail, ou plutôt de l'esclavage moderne. A ce moment précis, un « déclic » a eu lieu.
Les manifestations soit disant « faiblissantes » s'amplifient, au même rythme que les coups de matraques et autres gazages d'une police indignée par la haine anti-flic (sic), puis, c'est au tour de nos amis routiers de passer à l'action, routiers qui, quand ils tapent du poing sur la table, sont généralement bien souvent écoutés, car sans eux, aucune denrée ne provient aux temples de consommation au cœur de ce système consumériste. Un second « déclic » a eu lieu.
C'est alors que les blocages se mettent en place aux dépôts pétroliers, autre cœur vital de cette économie, car pour peser dans la balance dans une négociation, il faut des arguments de poids, et à défaut d'une grève totale généralisée qui fait défaut, bloquer le fluide dont tout le monde a besoin au quotidien est un message clair et net !
Mais un autre détail est important, celui d'une masse critique atteinte et de ses effets déclencheurs, car c'est bien de ceci dont il est question. Car si l'exaspération populaire ne date pas d'hier, nombreuses sont les personnes qui se retiennent de passer à l'acte par le manque de mobilisations crédibles et susceptibles d'avoir un réel impact, et il est plus que probable que les premières grèves et blocages significatifs d'ampleur ont eu raison des dernières hésitations ou réticences d'un grand nombre à franchir un cap et donner de leur personne.
Vert de rage, la main tremblante, Herr Wallz sous une énième impulsion autoritaire envoie ses chiens de garde déloger les bloqueurs hérétiques d'un dépôt pétrolier important à Fos sur Mer, et croyez moi, pour être Marseillais et avoir passé mon enfance la bas, la mentalité du coin n'est pas celle de s'aplatir quand on est en colère. En réponse à cela, par colère, la huitième et ultime raffinerie de pétrole sur les sept déjà en grève dans l'hexagone vient rejoindre la contestation dans un élan de solidarité. Nous avons le troisième « déclic ».
Dans un enthousiasme non dissimulé, j'annonçais hier soir sur la page Facebook du veilleur que c'était au tour du personnel des centrales nucléaires d'entrer en grève, célébrant ainsi un moment d'anthologie dans ce bras de fer qui se voulait au départ inégal entre le peuple et l'état. A ce mouvement désormais d'une ampleur gigantesque, d'autres viennent rejoindre la résistance : Les dockers, la ratp, les cheminots, les transports, l’aviation civile, le secteur hospitalier, le service public (la poste, centre des impôts, éducation...), ainsi que deux grèves générales et nationales prévues le 26 mai et le 14 juin 2016 (voir l'agenda des grèves en France).
Il n'est par contre pas envisageable à ce stade d'abandonner la lutte, d'autant plus à la lumière de récentes déclarations inquiétantes sur ce que nous réservent les énarques au pouvoir, si d'aventure nous capitulions. A commencer par les paroles du président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, qui a donné vendredi ses ordres au gouvernement Valls de la kommandantur, s’étonnant de la vigueur de la fronde opposée à la Loi travail, et qualifiant cette réforme de « minimum de ce qu’il faut faire », continuant à mettre la pression sur le gouvernement en ajoutant
Ajoutez à cela la dernière confidence d'Emmanuel Macron pour qui « Il faut aller plus loin que la loi El Khomri... », et vous commencez à avoir une vision d'ensemble. Si vous avez quelques connaissances de la situation en Grèce, vous comprendrez de quoi il retourne... Sans oublier Eric Ciotti (qui était le sujet d'un récent billet), Député et Président du Département des Alpes Maritimes, qui nous annonce joyeusement d'une part qu'il va supprimer l'impôt sur la fortune (qu'il faudra compenser de notre poche), ainsi que
Maintenant, oseriez-vous encore prétendre que nous sommes en démocratie au vu des évènements qui se déroulent et de ce qui nous est réservé ? A ceux qui seraient tentés de répondre par l'affirmative, je leur recommande de rapidement prendre rendez-vous auprès d'un psychiatre, si toutefois ceux-ci ne décident de se mettre aussi en grève.
A la lecture de tout ceci, vous devez comprendre de l'importance et de l'urgence de soutenir les grévistes dans leurs actions, il en va non seulement de votre avenir, mais aussi de celui de vos enfants, votre famille, vos amis... Les manières de les soutenir peuvent prendre diverses formes, comme rejoindre leur mouvement à votre échelle, leur envoyer des courriers ou mails de soutien, relayer leurs actions, les encourager verbalement si vous en rencontrez, et même par un simple don si vous le désirez.
En complément à cet article aux airs de coup de gueule, je joins une publication de Danielle Bleitrach, qui nous explique sa vision, mais aussi son indignation face à la propagande médiatique du moment qui tente désespérément de décrédibiliser la révolte en cours, et ce afin de préserver leurs petits culs bien au chaud ;-)
La presse prise en otage ? Ils débloquent …
Hier les échanges entre internautes ne manquaient pas de saveur :
Ce matin un nouveau seuil est franchi, ce n’est plus seulement la CGT (désignation à laquelle il faut ajouter immédiatement « en perte de vitesse », si l’on veut pas être viré par le patron de presse), mais Philippe Martinez qui en fait « une affaire personnelle ». Certes il a une moustache qui prête à la confusion mais dans quelque jours à ce rythme là on va en faire le nouvel Hitler planquant à Montreuil des armes de destruction massive.
Et effectivement malgré la présence de drapeaux de FO, voir de Sud et d’autres, on ne parle que de la CGT, sont successivement niés les autres syndicats et au-delà la colère des Français, les manifestations que l’on a d’ailleurs tenté de réduire à la seule présence des casseurs. Les journalistes se démènent pour nous faire accepter ce qui choque ou devrait choquer le bon sens.
La logique qui commande article et émission veut que se succèdent « experts » et éditorialistes qui tous doivent justifier l’apparente contradiction de leur propos entre la description d’un syndicat minoritaire, en perte de vitesse, et le blocage du pays qu’ils tentent de lui attribuer comme un pouvoir de nuisance jusqu’à affirmer que ce serait la CGT qui gouvernerait désormais la France (le Figaro)
Ils ne peuvent même pas imaginer la colère qui soulève les cœurs à l’annonce des scènes de guerre qui se sont déroulées à Fos sur Mer, que l’on soit ou non syndiqué, à la CGT ou ailleurs… La colère devant l’accumulation des provocations contre le salariat par un gouvernement élu sur un autre programme, c’est le moins que l’on puisse dire.
Et tombe depuis le coup de force de Fos, la liste des secteurs qui se déclarent en grève, tandis que Valls crie depuis les rives du Jourdain où il prétend résoudre le conflit israélo-palestinien, cet orfèvre en pacification :
, tandis que la malheureuse El Khomry tente d’assumer ce funeste texte, le produit incestueux des œuvres de Gattaz, de la CFDT et de Bruxelles. Macron qui n’en rate pas une dit qu’il faut aller plus loin encore plus loin et arrêter d’empêcher d’avancer « une France qui marche », petit coq assurant sa promo et espérant pour elle les financement patronaux ou « taupe » de Martinez cherchant la grève générale ?
Parce que rien ne les arrête, ils continuent, et cette nuit, intervention à Douchy les mines… Là ils ont mis le paquet : vingt cars de CRS pour déloger un piquet de grève, il faut le faire… Bientôt il y aura plus assez de CRS, ces mal aimés, pour tout le monde… On s’en fout disent les gens du piquet, et la grève s’étend, les centrales nucléaires, la RATP…
Il y a de l’essence, des stocks pour trois mois, pas de pénurie du tout… Oui mais les Français sont pris en otage…. des files d’attente devant les postes d’essence… Malheureux journalistes obligés de porter à bout de bras une telle situation en répétant
Il y a là une mobilisation du système de propagande, des ses bataillons idéologiques envoyées aux côtés des garde-mobiles pour débloquer et qui effectivement débloquent… Au fait débloquer quoi ? Ce que les provocations gouvernementales, le refus d’entendre la protestation continue de la majorité du peuple français, des travailleurs et de la jeunesse ont accumulé depuis des mois voir des années de colère, l’effet du martial 49.3 ?
Et il faut prendre garde parce que d’autres secteurs qui n’en peuvent plus risquent de prendre le relais, parce que partout ça se dégrade avec le sentiment de l’impuissance ; Et pas seulement chez les ouvriers non qualifiés que regrouperait la CGT selon les médias… Franchement qu’est-ce qu’ils connaissent à la qualification pour décrire ceux qui aujourd’hui se sont mis en grève comme des non qualifiés ? Ce qui se passe dans la recherche, au CNRS, les coupes budgétaires qui mettent en péril l’excellence française pourrait bien déclencher la colère…
Ils sont tellement arrogants qu’ils ne le voient même pas, celui qui proteste est un mauvais élément… Comme la CGT…
Prenez le chantage d’une entreprise comme Total qui exhibe sans état d’âme la prise en otage ordinaire des multinationales : si les salariés ne veulent pas de mes conditions, je quitte le pays dans le même temps où les mêmes affirment que si l’on veut plafonner le salaire des PDG, interdire les privilèges fiscaux ils quitteront également. Un tel chantage mériterait une seule réponse : la nationalisation du secteur de l’énergie et l’idée pourrait bien un jour surgir si les communistes s’affermissaient et continuaient à tenir bon comme devant la loi Khomry.
Si le PCF tient bon, le rassemblement pourrait déboucher sur un rassemblement politique. Hier sur BFMTV, Pierre Laurent s’affermissait et son calme naturel en devenait un atout parce qu’il était là où il devait être : aux côtés de ceux qui luttaient et pas dans des combinaisons d’appareil… La lutte cela change tout, on n’est jamais sûr de gagner, mais celui qui ne la mène pas est sûr de perdre.
Il faudrait pour bien mesurer le contexte d’une telle prise en otage par TOTAL faire de la politique, comprendre à quel point ces multinationales financiarisées ont besoin de créer des niveaux étatiques sur lesquels les citoyens et les travailleurs n’ont plus de pouvoir. Cette réforme du droit du travail ne concerne pas seulement la France, le fait qu’il se déroule actuellement en Belgique le même mouvement témoigne de l’utilisation des institutions supranationales.
Il faudrait pour bien mesurer le contexte mettre en relation cette politique d’austérité et de pression salariale avec la course aux armements, la montée des périls dans les menaces d’affrontement, les forces fascistes que l’on ne craint pas de faire monter.
Et comme justement quelque chose est en train de bouger que monte le refus d’un tel monde, alors il faut isoler les « meneurs », les plus combatifs, montrer que tout est de leur faute, qu’ils ne représentent rien et que pourtant ils sont le péril pour tous pour éviter qu’il refasse de la politique, une autre politique…
Oui la presse est prise en otage, libérons l’information…
Pour libérer l’information, il faut soutenir les grévistes : faire grève et en tous les cas commencer la solidarité en par exemple récolter de l’argent et le leur verser par le biais des organisations syndicales y compris la cgt…
Notes
Il faut savoir que nos amis belges vivent une situation similaire à la notre en ce moment, puisqu'il s'y déroule une grève générale contre l’euro destruction du droit du travail, puisque chez eux également, une Loi travail parue sous le nom de Loi peeters de la même veine que chez nous menace leurs droits et acquis.
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