L'autorité mondiale de contrôle du secteur bancaire recommande aux établissements de prêter à taux variable, et pas fixe. Objectif : faire supporter le coût du risque à l'emprunteur, dont les intérêts augmenteraient.
Comme on peut le constater avec nos deux exemples, emprunter à taux variable était particulièrement intéressant il y a quelques années. Aujourd’hui, quand les taux variables sont supérieurs aux fixes, cet avantage n’existe plus. A noter encore que, dans notre premier exemple, le gain du variable par rapport au fixe est net. Ont été déduits
les frais de remboursement anticipé du premier emprunt (3%maximumd u capital restant dû) ainsi que les intérêts payés entre 2001 et 2005.
LP/Infographie (LP/OLIVIER ARANDEL.)
Les taux fixes des prêts immobiliers en France sont-ils en sursis ? Depuis plusieurs mois, le comité de Bâle, chargé de contrôler et d'assurer la stabilité du système financier mondial, recommande aux banques européennes de prêter à des taux variables et non plus fixes. La Commission européenne n'ayant pas encore été contactée par les experts de Bâle, la fin des taux fixes n'est sans doute pas pour demain. Alors pourquoi plaider pour des taux variables plutôt que fixes ? Pour des raisons financières. Explications : l'argent prêté aux particuliers à taux fixe et sur plusieurs années, les banques l'empruntent elles-mêmes à court terme sur les marchés financiers à un taux variable et inférieur. Pour faire simple, quand elles empruntent à 1 %, elles prêtent à 2 %, la différence de 1 % constituant leur marge bénéficiaire. Si les taux remontent à 2 % (ce qui finira par arriver), le profit est annulé. En obligeant les banques à pratiquer des taux variables, le comité de Bâle transférerait ainsi le risque de hausse des établissements de crédit vers les clients, lesquels verraient donc leurs mensualités augmenter.
« C'est ce qui s'est passé aux Etats-Unis avec les subprimes, mais aussi au Portugal ou en Espagne au lendemain de la crise de 2008, rappelle Maël Bernier, du courtier Meilleurtaux. Incapables de rembourser leurs mensualités qui explosaient, des milliers de personnes ont tout perdu. » Certes, en France, la plupart des taux variables sont capés. Autrement dit, ils ne peuvent dépasser une certaine hausse. Par exemple, un prêt à 2 % capé + 1 ne peut aller au-delà de 3 %. Une sécurité qui rassure les emprunteurs. Il n'empêche que les Français sont allergiques au risque. Les taux d'intérêt étant bas, plus de 90 % d'entre eux empruntent à taux fixe pour leur résidence principale.
« Le crédit immobilier permettant aux banques de garder un client pendant des années, celles-ci ont conscience que la fin des taux fixes donnerait un coup de frein à la demande de crédit et donc reviendrait à se tirer une balle dans le pied », estime Jérôme Robin, président de Vousfinancer.com. Ce que confirme la Fédération des banques françaises (FBF) : « Le crédit immobilier, abondant et attractif, se caractérise en France par un système à taux fixe auquel les clients sont très attachés car il leur apporte une grande sécurité, souligne-t-on à la FBF. Les emprunteurs financent leur projet en fonction de leur capacité de remboursement et n'ont donc pas de mauvaises surprises. C'est pourquoi, poursuit la FBF, nous ne comprenons pas la logique d'une réforme qui ferait basculer sur nos clients le risque d'une fluctuation des taux. » Autre argument en faveur des taux fixes, selon l'Autorité de contrôle et de régulation des banques, le défaut de remboursement est près de trois fois moins important chez les emprunteurs à taux fixe que chez ceux ayant opté pour un taux variable.
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