Mise à jour: Informations ajoutées
Cela me rappelle un grand-oncle polonais qui nous parlait de son pays quand il était sous la coupe de l’ex-URSS. Le simple fait de détenir un briquet était interdit puisque, paranoïa oblige, il pouvait permettre d’allumer des incendies contre le régime soviétique. À cette triste époque, un briquet permettait d’avoir 1 mois de viande (véridique), du coup, mon grand-oncle repartait de sa visite en France les valises pleines de briquets. Au nom de la sécurité, et par ce que quelques contestataires peuvent se faire entendre, la vente des produits inflammables sont maintenant interdits en Île-de-France:
A partir de ce samedi soir minuit et jusqu’au 13 décembre à la même heure, les produits inflammables sont interdits à la vente et au transport dans l’agglomération parisienne. Pris en vue de la conférence sur le climat, la COP 21, qui commence au Bourget (Seine-Saint-Denis) demain dimanche, cet arrêté du 19 novembre 2015, passé inaperçu, interdit aux grandes surfaces, aux magasins de bricolage ou aux épiceries de vendre des combustibles inflammables.
Sont concernés donc : alcools à brûler, white spirit, acétone et gaz inflammables, notamment les bouteilles de butane et de propane. Le transport de ces produits est également interdit par la préfecture. Ces interdictions sont appliquées dans toute la région parisienne en raison des «risques importants d’utilisation par des individus isolés ou en réunion de produits incendiaires contre les forces de l’ordre et les service publics», justifie l’arrêté, soulignant également la mise en place de l’état d’urgence.
Il semblerait cependant que les combustibles de chauffage ne soient pas concernés par cette interdiction.
Article en intégralité sur Le Parisien
Les feux d’artifices seraient également interdits… Avec un tel niveau de paranoïa, nos politiques devraient également interdire la vente de briquets et de boites d’allumettes, et même d’essence, tant qu’à faire! Mais la sécurité ne se limite pas qu’à ces produits, c’est également de nombreuses mesures de sécurité dignes d’un état policier. La COP21, on a le droit de ne pas être d’accord, mais pas de le montrer.
Suite aux attentats de Paris, l’annulation de la COP 21 avait été évoquée, mais François Hollande avait, dès le lendemain des attentats, annoncé sa volonté de maintenir cette conférence. Toutefois, les mesures de sécurité ont encore été alourdies.
Alors que l’état d’urgence a été déclaré en France pour trois mois, des mesures exceptionnelles vont sécuriser Paris et le site de la COP au Bourget, au nord de la capitale. Aux frontières, les contrôles ont été rétablis et 8.000 membres des forces de l’ordre déployés: 2.800 seront mobilisés au Bourget et 6.300 autres dans Paris pour la venue des chefs d’Etat.
Par ailleurs, vingt-quatre militants ont été assignés à résidence dans le cadre de l’état d’urgence décrété après les attentats jihadistes, dans le but de les empêcher d’aller manifester à Paris lors de la COP21. De plus, toutes les manifestations en marge de cet événement ont été interdites. «La mesure annoncée a notamment entraîné l’interdiction de très nombreuses marches prévues en marge de la conférence internationale sur le Climat COP21 du samedi 28 novembre au lundi 30 novembre, empêchant militants associatifs et représentants de la société civile de manifester comme ils l’avaient prévu pour faire entendre leurs revendications aux chefs d’Etat réunis», a d’ailleurs dénoncé Amnesty International.
Article en intégralité sur Russia Today
Et tout cela ne servirait pas à grand chose si jamais rien n’était fait contre les éventuels contestataires considérés comme des terroristes sans qu’ils aient le moindre rapport avec le Bataclan:
Les autorités veulent les empêcher d’aller manifester à Paris lors de la COP21, la conférence internationale sur le climat qui s’ouvre lundi au Bourget. Vingt-quatre militants ont été assignés à résidence dans le cadre de l’état d’urgence décrété après les attentats du 13 novembre. Dans trois de ces arrêtés, consultés par l’AFP, les personnes visées, âgées de 27 à 30 ans et soupçonnées d’appartenir à «la mouvance contestataire radicale», ont interdiction de quitter leur ville de l’ouest de la France, à moins d’obtenir une autorisation préfectorale. Elles doivent pointer trois fois par jour au commissariat et ont l’obligation de rester à leur domicile de 20 heures à 6 heures, jusqu’au 12 décembre, lendemain de la clôture de la conférence climat. Bernard Cazeneuve a déclaré assumer totalement la mesure.
L’état d’urgence prononcé dès le 14 novembre autorise les perquisitions sans l’aval d’un juge et l’assignation à résidence de personnes jugées dangereuses pour l’ordre public. Le motif invoqué par le ministre de l’Intérieur est ici le même: celui «de la gravité de la menace» que la personne, soupçonnées d’appartenir à «la mouvance contestataire radicale», «représente pour l’ordre et la sécurité publics».
Plus d’infos sur Le Figaro
Et s’il n’y en a QUE 24, ils sont beaucoup plus nombreux à être prêts à en découdre à l’issue de cette manifestation, beaucoup parmi les associations ayant été interdites d’entrées en France à l’approche du sommet, et les « black bloc » considérés comme étant des menaces réelles.
Principales craintes: les attaques terroristes et les mobilisations d’organisations militantes. Dans une note rapportée jeudi par RTL, la direction du renseignement territorial souligne qu’il est difficile d’estimer la menace réelle des débordements. Les policiers redoutent notamment l’installation d’un campement à proximité du Bourget, où est organisé le sommet, ainsi que sur le plateau de Saclay, dans les Yvelines, où grandit une mobilisation contre l’implantation d’un métro aérien. Autant de lieux susceptibles d’attirer un rassemblement de militants habitués aux manifestations violentes.sic…
Les forces de l’ordre seront particulièrement attentives aux «Black bloc», qui depuis le sommet de l’Otan à Strasbourg en 2009, ont montré en France combien ils étaient organisés et déterminés. Pas d’organigramme, ni de hiérarchie dans ces groupes de casseurs, nés en Allemagne dans les années 1980. Tout de noir vêtus, ils sont principalement constitués d’individus issus des mouvances ultra-gauche. Leur doctrine repose sur l’«action directe»: ils réagissent «rapidement et efficacement grâce à Internet, au téléphone portable et aux réseaux sociaux», avait expliqué le criminologue Alain Bauer au Figaro. Et ils agissent en marge des manifestations pour détruire banques, bâtiments publics, magasins à l’effigie des grands groupes capitalistes comme McDonald’s.
«On peut aussi s’attendre à des activistes tels que les No Border et les zadistes», reprend Loïc Lecouplier. Les premiers sont connus pour lutter pour la liberté de circulation et l’abolition des frontières. Les seconds sont des militants qui s’opposent aux projets d’aménagement qui porteraient préjudice à l’environnement. On se souvient d’ailleurs des violents affrontements entre forces de l’ordre et zadistes pendant des rassemblements contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou encore sur le site du barrage de Sivens, dans le Tarn, en 2014. «Notre but sera d’anticiper tout débordement possible», résume Philippe Capon, qui s’inquiète aussi des possibles problèmes de circulations lors de la conférence.
Article en intégralité sur Lefigaro.fr
Les caméras du monde entier seront braquées sur ce sommet qui ne résoudra rien au final, nous confions à des dirigeants l’avenir de la planète alors qu’ils n’ont jamais été foutu de régler les problèmes de leurs propres pays, dont ceux relatifs à la finance ou à l’emploi, et on nous fait croire qu’un miracle va avoir lieu?
—
Mise à jour: Ce sont 40 marches pour le climat qui ont été interdites, 40 au nom de quoi? Pour ne pas tenter des djihadistes qui auraient là une parfaite occasion de faire un carnage? Ou pour montrer une France unie et sereine durant le sommet? La question peut paraître stupide, mais elle mérite néanmoins que nous nous la posions:
La Coalition climat 21, qui rassemble 130 associations, organisations non gouvernementales et syndicats, s’inquiète pour les autres formes de mobilisations prévues : « Si les collectifs locaux qui en sont à l’origine ont pour nombre d’entre eux décidé de proposer des formes alternatives de mobilisation (chaînes humaines, points d’information, etc.), certains militants ont néanmoins été convoqués au poste de Police pour se faire rappeler la stricte interdiction d’organiser tout type de mobilisation en extérieur, comme à Rouen. »
Source: Bastamag
Le site Mediapart quand à lui publie une lettre destinée à Manuel Valls, courrier dénonçant cette dérive sécuritaire:
Dans un courrier adressé au premier ministre, Mes Muriel Ruef et Alexandre Faro, qui défendent des militants du climat assignés à résidence, s’indignent du traitement infligé à leurs clients. « Ce sont vos opposants politiques que vous avez placés sous résidence surveillée, comme l’aurait fait n’importe quel régime autoritaire », dénoncent-ils.
Monsieur le Premier Ministre,
La Conférence des Parties à la Convention-Cadre des Nations Unies sur le Changement climatique (dite COP21) s’ouvre demain à Paris dans un climat de deuil qui ne tient pas seulement aux faits survenus le 13 novembre dernier.
À la veille de ce rassemblement sans précédent de Chefs d’État et de Gouvernements, vous avez décidé d’offrir au monde qui nous regarde le visage inquiétant d’un pays triste et muselé, aux rues vides et à la contestation étouffée.
Profitant de l’émotion et de la peur qui nous ont légitimement envahis au moment de ces attentats, vous avez, à la faveur de l’instauration de l’état d’urgence, sorti des vieux cartons de l’Empire la pratique de l’assignation à résidence.
Or, les mesures liberticides se justifient toujours par la promesse qu’elles ne s’appliqueront qu’aux salauds désignés. Vous l’avez vous-même confirmé devant la Représentation Nationale en arguant de leur efficacité dans la lutte contre le terrorisme. Il était pourtant évident que ces assignations à résidence auraient vocation à s’appliquer dans les seuls cas où la justice pénale, avec son arsenal complet de mesures (garde à vue, contrôle judiciaire, perquisition,…), ne trouverait pas à s’appliquer, c’est à dire contre les personnes contre lesquelles il n’existe aucune preuve démontrant qu’elles ont commis ou tenté de commettre une infraction. Nous étions donc déjà loin des salauds.
En désignant ainsi des personnes et en les empêchant de mener une vie normale vous portez une atteinte manifeste à d’autres valeurs essentielles de notre droit républicain que sont la présomption d’innocence, la liberté de circuler et la liberté de travailler et d’entreprendre. Tout ceci au nom d’un impératif de sécurité légitimée par la lutte contre le terrorisme.
Ce 25 novembre, quelques jours seulement après avoir imposé l’état d’urgence, votre gouvernement franchi un cap supplémentaire en assignant à résidence des militants environnementaux et sociaux impliqués dans la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et dans l’organisation – au grand jour et depuis plusieurs mois – des manifestations prévues à l’occasion de votre conférence internationale. Des policiers en civil sont postés en permanence devant leur porte, et ils doivent pointer trois fois par jour au commissariat.
Ce sont ainsi vos opposants politiques que vous avez placés sous résidence surveillée, comme l’aurait fait n’importe quel régime autoritaire et comme cela ne s’est plus vu dans ce pays depuis longtemps.
Vous avez utilisé la peur et l’émotion pour bâillonner une opposition à l’heure d’une réunion diplomatique sans précédent, justifiant ces mesures par l’emploi des mots «violences», «mouvance contestaire» et «ultra gauche», expressions vides de faits comme de sens, créées de toute pièce, sans la moindre consistance.
Vous aurez cependant du mal à faire croire aux spectateurs du monde entier que les militants qui s’impliquent et qui organisent la contestation légitime à votre manière de gérer le désastre environnemental constituent des menaces pour leur sécurité.
Vous offrez au monde entier le sombre spectacle d’un pays déstabilisé par les attentats au point de renoncer à ses valeurs les plus essentielles, celles-là même que les terroristes cherchaient à atteindre ce 13 novembre.
Il aura donc suffit de douze jours pour mettre à genoux notre héritage révolutionnaire.
Il semble en effet acquis, à la lumière de vos récentes déclarations, que vous envisagez fort naturellement la poursuite de ce que les plus naïfs appeleront «une parenthèse autoritaire» bien au-delà des trois mois légaux. Vous en auriez même informé la Cour Européenne des Droits de l’Homme.
Les assignations à résidence de ceux qui s’opposent à vous sont, dans ces circonstances, une honte, une honte abjecte et intolérable qui emporte, avant même qu’elle n’ait commencé, votre Conférence du Désastre dans les poubelles de l’Histoire.
Nous devons cependant craindre la suite, lorsque les caméras mondiales regarderont ailleurs et que vos mesures d’exception deviendront la règle.
Il nous reste alors à espérer que les philosophes et les historiens qui, depuis plusieurs jours, appellent par voie de presse à la vigilance populaire vis-à-vis des pouvoirs que vous vous êtes octroyés soient enfin écoutés, et que la contestation, que vous tentez de museler, enfin se fasse entendre.
Muriel RUEF Alexandre FARO
Avocate au Barreau de Lille Avocat au Barreau de Paris
Source: Mediapart
Commenter cet article