Oui au foulard islamique lors des sorties scolaires (dixit la ministre) mais non au prosélytisme : bonjour le casse-tête sur le terrain ! En attendant, la laïcité en prend un coup.
Il fallait s’y attendre : le moment de grâce républicain qui avait suivi les attentats de janvier est bel et bien terminé. L’entreprise de détricotage de la laïcité a repris. Mme Vallaud-Belkacem vient de confirmer au Figaro (elle l’avait déjà laissé entendre à l’automne) que les mères voilées devaient pouvoir accompagner les sorties scolaires. « Mieux vaut accepter les mères en foulard lors des sorties scolaires », a dit la ministre. Mieux vaut pour qui exactement ?
La ministre dit s’appuyer sur un avis du Conseil d’Etat. Or cet avis, rendu en décembre 2013, n’autorise pas explicitement le voile islamique. Il rappelle que les parents participant à des sorties scolaires ne sont pas des agents de l’Etat, et ne sont donc pas soumis au principe de laïcité. Mais, ajoute cet avis, les parents accompagnateurs doivent « s'abstenir de manifester leur appartenance ou leurs croyances religieuses ». En clair, pas de prosélytisme.
Passons sur le timing de cette annonce à quelques jours d’une élection dont tout le monde dit qu’elle va tourner à la compèt’ entre la droite et l’extrême droite… Ce qui me gêne le plus, c’est le lâchage en rase campagne par la ministre de tous ceux qui, sur le terrain, vont se retrouver confrontés à des mères voilées de toutes les manières possibles : du foulard sobre au voile intégral sombre ne laissant paraître qu’une partie du visage, généralement assorti d’une jupe longue, voire de gants noirs. Il suffit d’aller à la sortie d’une école primaire de n’importe quelle grande ville de France pour s’apercevoir qu’il n’y a pas UN foulard islamique. Alors, où commence le prosélytisme ? Qui va décider de ce qui est acceptable ou pas ? Le directeur ? L’instit ?
Imaginez la scène avant de monter dans le bus pour la séance hebdomadaire de natation : « Pour vous Madame X, c’est ok. En revanche, là, Madame Y, c’est vraiment trop. Et de toute façon, à la piscine, avec les maîtres nageurs en maillot de bains, je vous déconseille».
Alors si on décide d’abroger la circulaire Châtel qui interdisait le voile lors des sorties scolaires, je conseille vivement aux têtes pensantes du ministère de concocter un guide très précis à l’usage des personnels enseignants et des parents d’élèves pour leur expliquer exactement ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas.
Après tout, les députés s’apprêtent bien à définir par la loi une norme de poids pour les jeunes filles (*), je ne vois pas pourquoi ils ne se pencheraient pas sur la taille et l’aspect des foulards religieux de leurs mères ! Plus sérieusement, c’est en abdiquant sur de telles mesures hautement symboliques qu’on récolte en retour des décisions idiotes comme celle du maire de Chalon-sur-Saône qui vient de supprimer dans les cantines les menus de substitution les jours de porc.
(*) Personnellement, tant qu’on y est, j’y ajouterais bien un amendement anti-piercing et un autre définissant la taille maximum acceptable des tatouages !
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