A la veille de sa visite du salon de l'agriculture, le chef de l'État demande que la France « poursuive » ses efforts de recherche sur les OGM, abandonnés par les grands laboratoires publics après les attaques des faucheurs.
C'est un encouragement dont les scientifiques devraient se féliciter et que les écologistes vont certainement déplorer. A la veille de son inauguration du salon de l'agriculture, François Hollande a souhaité dans un entretien à l'agence de presse agricole Agra presse, que la France «poursuivre» ses efforts de recherche sur les OGM. Une façon de condamner implicitement les attaques systématiques des anti-OGM.
Après qu'une soixantaine de faucheurs ont saccagé en 2010 quelque 70 pieds de vigne transgénique dans l'unité Inra (Institut national de recherche agronomique) de Colmar, les chercheurs avaient jeté l'éponge. «Un acte gravissime pour la recherche» avait à l'époque déploré le directeur du site. Il faut dire que les faucheurs avaient déjà saccagé les plans un an auparavant en 2009.
La relaxe de ces mêmes faucheurs par le tribunal de Colmar en 2014 avait ensuite provoqué la colère du monde scientifique. Le CNRS, le CEA mais aussi l'ANR (agence nationale de la recherche), l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale), ou encore l'Ifremer ont tous apporté leur soutien. Une décision que François Hollande avait également condamné à sa manière. «Des essais tels que celui de l'Inra à Colmar sont pourtant la seule façon de recueillir des preuves scientifiques, documentées et indiscutables, sur la réalité des effets que les OGM peuvent avoir sur les êtres humains, les animaux et l'environnement. Leur destruction par des individus ne respectant pas les règles démocratiques empêche concrètement les chercheurs d'exercer leur mission au service de l'intérêt général», affirmaient les grands instituts de recherche français. «Faut-il que, sous la menace, ils renoncent collectivement à conduire désormais des expérimentations sur des sujets sociétaux à forts enjeux parce qu'ils font l'objet de controverse?»
Limagrain le dernier laboratoire de recherche en France
Aujourd'hui il ne reste plus qu'un laboratoire de recherche en France qui travaille sur les OGM. Il se trouve en en Auvergne et est piloté par la coopérative agricole Limagrain. En novembre dernier, les faucheurs avaient d'ailleurs investi le centre de recherche de l'entreprise, au nom d'une action citoyenne. Ils l'avaient quitté sous la huée des agriculteurs locaux.
Certes le président de la République reconnaît que «les consommateurs, qu'ils soient français ou européens, sont hostiles aux OGM qui existent aujourd'hui. Ils les considèrent, à tort ou à raison, comme n'apportant pas d'avantages réels mais comportant au contraire des risques pour l'environnement». Pour autant cela ne doit pas entraver la recherche. «Notre pays doit poursuivre son effort de recherche publique sur les biotechnologies, ce qui suppose que les chercheurs français puissent faire leur travail en toute sérénité et conserver une expertise sur ces technologies, de manière à éviter leur mauvais usage, voire dénoncer ceux qui les instrumentalisent», a-t-il déclaré. «L'objectif est d'intégrer les avancées de la science dans le travail agricole» et «le Haut Conseil des Biotechnologies sera un lieu utile pour faire partager ces enjeux à l'ensemble des acteurs», précise François Hollande.
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