Le 4 février 2015, le Sénat a rejeté la proposition de résolution portée par le Sénateur écologiste Joël Labbé demandant au gouvernement d'agir auprès de l'Union Européenne "pour une interdiction de toutes les utilisations des pesticides néonicotinoïdes en Europe tant que les risques graves pour la santé humaine, animale et l'environnement ne seront pas écartés."
Les néonicotinoïdes représentent une classe de famille d'insecticides neurotoxiques. Ils sont présents sur le marché français depuis 1994. Sous ces dénominations, on trouve les substances actives suivantes : thiaméthoxam, imidaclopride, thiaclopride, dinotéfuran, acétamipride, et clothianidine. Leur caractère systémique leur confère la possibilité d'être présents dans la totalité de la plante durant toute sa vie. On retrouve ainsi ces pesticides sur les feuilles, fleurs, racines, tiges, mais aussi dans le pollen et le nectar. Sans compter qu'ils contaminent également le sol, l'eau et l'air !
En 2013, trois substances néonicotinoïdes (clothianidine, imidaclopride et thiaméthoxam) ont été provisoirement interdites pour une durée de 2 ans sur les cultures de maïs, colza, tournesol, coton et céréales à pailles semées au printemps. Cette interdiction faisait suite à un avis de l'EFSA (Autorité Européenne de Sécurité des Aliments) reconnaissant la dangerosité de ces substances pour les abeilles et les humains.
Dans un communiqué du 17 décembre 2013, l'EFSA a en effet déclaré que " deux insecticides néonicotinoïdes - l'acétamipride et l'imidaclopride - peuvent avoir une incidence sur le développement du système nerveux humain ". Elle " a constaté que l'acétamipride et l'imidaclopride peuvent affecter de façon défavorable le développement des neurones et des structures cérébrales associées à des fonctions telles que l'apprentissage et la mémoire. "
Le business avant tout
Mais malgré tous ces rapports alarmants sur la dangerosité des néonicotinoïdes, l'interdiction de mise sur le marché de ces 3 molécules ne concerne que certains usages à certaines conditions !
"Malgré le règlement d'exécution, ces produits restent utilisés sur de très larges surfaces, y compris en France" a expliqué Joël Labbé aux Sénateurs. Le sénateur écologiste a explique pourquoi : "La décision de la Commission qui interdit la mise sur le marché des semences traitées avec ces produits ne concerne pas les céréales d'hiver, et ne couvre pas non plus les traitements en pulvérisation après floraison, négligeant ainsi que les abeilles consomment le miellat produit par les arbres fruitiers, au-delà de la floraison. Par ailleurs, la décision de la Commission européenne s'arrête à seulement trois molécules." a-t-il précisé.
"Au regard de la multiplication des publications scientifiques concernant l'impact des néonicotinoïdes sur les pollinisateurs, l'environnement et la santé humaine, il est aujourd'hui nécessaire que cette restriction de l'utilisation des molécules néonicotinoïdes aille plus loin" a ainsi déclaré Joël Labbé aux Sénateurs. D'autant plus que "plusieurs rapports et publications font valoir que l'utilisation de ces molécules n'a pas permis une augmentation significative des rendements pour les agriculteurs" !
Mais peine perdue ! Malgré tous ces arguments, le Sénat a rejeté la proposition de résolution de Joël Labbé qui demandait au Gouvernement français d'agir auprès de l'Union européenne pour obtenir un moratoire européen sur l'ensemble des pesticides néonicotinoïdes... Sur 347 votants, 312 suffrages ont été exprimés. Le 4 février 2015, 248 sénateurs se sont exprimés contre cette proposition, seulement 64 sénateurs se sont prononcés pour. (voir les résultats du scrutin)
Le refus du Sénat a d'ailleurs conduit Joël Labbé à un geste symbolique remarqué : celui de retirer sa cravate au sein du Sénat où elle est obligatoire.
Il faut noter que lors de cette séance au Sénat, le Ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll s'est opposé au vote de cette résolution rappelant qu'une restriction d'utilisation existait déjà au niveau européen pour trois substances néonicotinoïdes pour toutes les cultures attractives pour les abeilles. "Le débat doit prendre en compte l'ensemble des parties prenantes et notamment la réalité du monde agricole" a-t-il précisé lors du débat au Sénat comme le rapporte le site natura-sciences.com.
Commentaire : Une solution partielle au problème : manger des aliments non traités.
Quand aux néonicotinoïdes :
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