Numéro du 14 janvier. 3 millions d'exemplaires (au lieu de 30 000 auparavant) vendus 3 euros.
Malgré l’attentat, l’équipe de Charlie Hebdo ne « cèdera rien » dans son prochain numéro mercredi, avec de nouveaux dessins de Mahomet et ses railleries habituelles sur les politiques et les religions, au nom du « droit au blasphème ». Ce numéro, qui sera tiré à un million d’exemplaires — contre 60.000 habituellement — comportera « évidemment », comme très souvent, des dessins sur Mahomet, a expliqué lundi l’avocat de l »hebdomadaire, Richard Malka, sans donner aucune autre précision. « On ne cédera rien sinon tout ça n’aura pas eu de sens. L’état d’esprit +Je suis Charlie+ » cela veut dire aussi le « droit au blasphème », a-t-il martelé.
Malgré l’attentat qui a tué mercredi ses dessinateurs vedettes, Cabu et Wolinski, et au total sept membres de l’équipe, Charlie Hebdo sera de nouveau ce mercredi « dans les kiosques en France et dans le monde », a souligné maître Malka sur France Info. « La diffusion sera exceptionnelle. C’est un geste de survie », a-t-il ajouté. Ce numéro sera réalisé exclusivement avec des gens de Charlie Hebdo et continuera à dire « les pires horreurs sur le christianisme, le judaïsme et l’islam », a prévenu l’avocat. « Un Charlie Hebdo qui réussit, c’est un Charlie qu’on ouvre, on hoquète d’effroi quand on voit le dessin, et puis on éclate de rire ».
Mais au lendemain des manifestations monstre en France contre les attentats, qui ont rassemblé près de 4 millions de personnes, l’équipe de Charlie a du mal à assumer sa nouvelle position symbolique, a reconnu le porte-parole du journal. « C’est un journal qui se vend 20 ou 30.000 exemplaires, et puis, tout à coup, Obama et le pape parlent de Charlie : ce n’est pas dans notre ADN », a-t-il dit.
- Prêts pour trois millions d’exemplaires -
Le million d’exemplaires prévu mercredi sera imprimé et distribué dans le cadre d’une grande opération de solidarité, où tous les acteurs de la chaîne de distribution travailleront gratuitement. Hormis le coût du papier, toute la recette (3 euros par numéro) ira dans les caisses du journal. Mais vu les avalanches de demandes de particuliers ou d’institutions, en France comme à l’international, « ce tirage d’un million sera insuffisant », a estimé Patrick André, directeur général des MLP (Messageries lyonnaises de presse), le distributeur du journal.
MLP se prépare même à « pouvoir gérer jusqu’à 3 millions d’exemplaires ».
La semaine dernière, des numéros de Charlie Hebdo, épuisés, avaient fait l’objet d’une rapide spéculation sur internet et étaient proposés à plusieurs milliers d’euros. « Tous les 27.000 points de vente de presse français en auront, contre 20.000 habituellement. Chacun en aura au moins une dizaine, mais certains beaucoup plus, plusieurs centaines », a-t-il dit. Les MLP enregistrent depuis plusieurs jours des commandes émanant des organismes les plus divers, et réclament parfois des milliers de copies : des maires qui veulent les offrir à leurs administrés, des entreprises, des théâtres qui veulent les distribuer aux spectateurs ou encore des distributeurs de presse en Inde, en Australie… Des points de presse de villages qui ne vendaient que deux Charlie Hebdo en réclament plusieurs centaines pour mercredi. Les MLP ont même reçu l’appel d’un jeune Italien de 14 ans qui voulait le journal…
A l’export, où Charlie Hebdo ne vendait que 4000 exemplaires, le MLP prévoient d’en expédier 300.000, dans 25 pays, a raconté M. André. « Nous enregistrons sur le terrain des réservations monumentales », a confirmé Dominique Gil, président du Syndicat des dépositaires de presse, qui livrent les points de vente au détail. « Les numéros ne seront pas rappelés en cas d’invendus, ils resteront en vente jusqu’à épuisement, ce qui est totalement exceptionnel », a-t-il dit. Le million d’exemplaires sera livré en deux jours, 500.000 mercredi et 500.000 jeudi environ, et imprimé sur deux sites. « Les magasins de presse ne pourront sans doute pas répondre à toutes les demandes. Nous avons donc aussi décidé de mettre en place des coupons pour inviter à faire des dons, pour ceux qui veulent manifester leur soutien à Charlie Hebdo », a précisé l’UNDP (Union nationale des diffuseurs de presse), qui représente les magasins de presse indépendants. « Déjà en 2006, au moment des caricatures de Mahomet, le réseau avait soutenu Charlie en mettant en avant le titre », a rappelé l’UNDP.
Paris (AFP) – Par Laurence BENHAMOU – © 2015 AFP
- Source :
http://www.lepoint.fr/
Commenter cet article