Avocats parisiens :
Rejoignez vos confrères de province et d'outre-mer
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147 barreaux de France sont en grève et défilent ces jours-ci contre les différents projets MACRON (MARCON 1, MACRON 2, MACRON 3).
Le dernier (MACRON 3) parfaitement mortifère et anti-démocratique prévoit de légiférer par ordonnance... comme si l'urgence déclarée d'une telle révolution du statut des avocats, pouvait faire l'économie de débats parlementaires... !
Pendant ce temps, le Bâtonnier de Paris et une minorité d'avocats d'affaires et nos amis de l'ACE ne trouvent rien à redire de ce projet qui porte aux nues l'avocat salarié d'entreprise et qui permettrait d'exporter le droit français à travers le monde (Vice-Bâtonnier MARTINET) et éviterait ainsi que « les services juridiques ne fuient plus la France ... » (Les Échos, 10 novembre 2014).
Déjà pour bien marquer le coup et par communiqué avant le mouvement national du 30 septembre 2014, l'ordre des avocats de Paris précisait « ... pas d'appel à la grève... ».
Les avocats de province et d'outre-mer sont-ils tous des imbéciles ?
Ne sont-ils pas comme les avocats de Paris et dans leur majorité, des avocats indépendants, soucieux de leurs activités judiciaires, juridiques au service de leurs clients et veulent continuer à vivre sans subir la future concurrence déloyale des avocats salariés dans l'entreprise.
En effet, les syndicats patronaux, les experts-comptables, les compagnies d'assurances, les banques, les huissiers, les notaires, les administrateurs de bien, les administrateurs judiciaires embaucheront des avocats salariés pour gérer les affaires de leurs clients... Ils pourront également transformer leurs juristes en avocats (la réserve sur l'impossibilité de plaider ne tiendra pas durablement...).
Cela sonnera le glas de tous les petits cabinets judicaires et juridiques et il restera à tous ces avocats, qu'à devenir salariés, en oubliant les valeurs de notre serment d'indépendance et de liberté.
Mais pourquoi ?
Nos amis des cabinets d'affaires, « ACEistes », Bâtonnier de Paris ne comprennent-ils rien ? Ne voient-ils pas le danger pour tous les avocats « ordinaires ».
En fait, ils ont parfaitement compris.
Rappelez-vous, il y a 20 ans, les Avocats d'Affaires parisiens avaient comme concurrents les lawyers américains, qui investissaient la France en s'inscrivant sur la liste des conseils juridiques.
Ils avaient leur propre déontologie et pouvaient aller directement voir les clients et des sociétés conseillées par nos amis avocats d'affaires parisiens !!
Il fallait mettre un holà ... contre la volonté des Conseils Juridiques, dans leur immense majorité, on les a transformés en Avocat, ce qui a sauvé les Cabinets d'Affaires parisiens de cette concurrence...
Ils devenaient astreints à notre déontologie !
Il est de bon ton de dire que le mariage s'est bien passé.
C'est exact, il a enfanté des avocats en droit social, en droit de la concurrence..., des couples mixtes... mais, pour beaucoup de cabinets, les époux font chambre à part, les judicaires d'un côté, les juridiques de l'autre.
Quel est le problème aujourd'hui ?
Depuis, les avocats d'affaires sont en concurrence avec les juristes d'entreprise qui, n'ayant pas de déontologie, vont bien sûr, voir leur propre clientèle et négocier avec elle directement.
Ils veulent juguler cette concurrence !!
En les transformant en avocat ils seraient tenus par notre déontologie et ne pourraient plus aller négocier directement avec leurs clients.
Les cabinets d'affaires vont ainsi, sauver pour un temps, leur existence ...
Ils habillent bien sûr cette réforme sous l'image du modernisme de la protection du droit français, du droit continental et du legal privilege, peu leur importe que les avocats
« ordinaires », les provinciaux ou les cabinets indépendants parisiens, disparaissent à court ou long terme ...
Par ailleurs, avec l'apport des capitaux extérieurs, l'avocat salarié en entreprise, la disparition totale de la postulation, ils pourront développer leur propre cabinet pour les transformer en cabinet de plusieurs milliers d'avocats qui géreront le contentieux des entreprises nationales et même, par l'intermédiaire de marchés publics, l'Aide Juridique.
Tout est prêt ! Apports de capitaux, avocats salariés, fin de la postulation, liberté d'établissement sans accord des ordres locaux...
Il ne restera plus, pour couronner le tout, que l'ordre national qui gérera le désert français où seuls les avocats salariés des « multinationales du droit » citées ci-dessus, survivront ...
Avocats « ordinaires » de Paris,
Vous allez mourir comme nous,
Rejoignez nos manifestations, nos revendications,
C'est le dernier sursaut avant la MORT.
Jacques LAPALUS
Avocat au Barreau de Nantes
via Maître Confucius
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